Arrêté pour distribution de pornographie juvénile il y a un peu plus d'un an, puis libéré sous conditions, le biochimiste Jean-Louis Bertrand semble être incapable de se tenir loin d'un ordinateur, si l'on se fie aux nouvelles accusations portées contre lui, ce jeudi.

L'homme de 51 ans est soupçonné d'avoir brisé ses conditions de remise en liberté. Plus grave encore, il est désormais accusé d'avoir produit de la pornographie juvénile, en plus d'en avoir possédée et distribuée. Il aurait fait des victimes au Québec, aux États-Unis et en Amérique latine, selon l'Équipe d'enquête sur l'exploitation sexuelle des enfants sur Internet de la Sûreté du Québec.

L'accusé aurait entre autres forcé l'une des victimes alléguées à se montrer en privé sur Blog TV, un site permettant aux internautes de diffuser leurs propres productions de télé à travers le monde entier, et ce en direct, grâce à leur webcam.

Le scientifique aurait également comploté avec d'autres gens qui s'identifiaient sur Internet sous des pseudonymes tels Azaroak, Edwbra, Mafer, Lars et Dipa pour extorquer des victimes, avoir des contacts sexuels avec elles ou encore commettre un inceste.

Arrêté pour une seconde fois mercredi, M. Bertrand a ainsi été inculpé de 73 nouveaux chefs d'accusation de production de pornographie juvénile, de leurre informatique, d'extorsion et de bris de conditions dans deux dossiers distincts cet après-midi au palais de justice de Montréal.

La Couronne s'est objectée à ce qu'il retrouve sa liberté d'ici la fin du processus judiciaire. La représentante de la poursuite, Me Amélie Rivard, a indiqué qu'elle aurait besoin d'«au moins une journée» pour tenir l'enquête sur cautionnement en raison de la «preuve informatique complexe».

«C'est un individu très actif un peu partout sur le web», a souligné la procureure de la Couronne à sa sortie de la salle d'audience. L'enquête est toujours en cours pour découvrir l'identité des victimes mineures qui auraient été leurrées par M. Bertrand, selon la SQ.

De son côté, l'avocat de M. Bertrand, Me Francis Leborgne, a refusé de faire des commentaires aux médias présents. L'accusé doit revenir en cour mardi pour tenter de reprendre sa liberté.

Le 16 mars 2010, l'accusé avait été arrêté une première fois, puis remis en liberté sous conditions. Il n'avait plus le droit d'utiliser un ordinateur sauf pour des raisons professionnelles. Il devait éviter de se trouver en présence de mineurs et ne pouvait plus se rendre chez son employeur de l'époque, une firme spécialisée dans le domaine de l'environnement.

Or, il aurait continué à accéder à de la pornographie juvénile, entre autres, dans un Café internet, selon la dénonciation rendue publique aujourd'hui. De plus, les enquêteurs ont découvert en analysant l'ordinateur de l'accusé qu'il aurait produit du matériel pornographique durant près de trois ans, entre avril 2007 et mars 2010.

La SQ a amorcé son enquête en mars 2010 après avoir reçu des informations de la police d'Edmonton.