Le procès d'un aumônier retraité accusé d'avoir agressé sexuellement deux garçons qu'il accompagnait par l'entremise de l'organisation des Grands Frères et Grandes Soeurs s'est ouvert, cette semaine, au palais de justice de Laval.

Pierre Champoux, 74 ans, a été accusé en 2007 après que deux hommes eurent porté plainte. Les autorités n'ont toutefois jamais rendu publique son arrestation.

L'abbé Champoux, qui était aumônier de l'école secondaire Marcel-Vaillancourt, à Laval, est soupçonné d'avoir agressé sexuellement les deux victimes à maintes reprises pendant leur préadolescence.

«Il les a connus dans des institutions scolaires et il est ensuite devenu leur «grand frère»», a expliqué hier la procureure de la Couronne, Me Isabelle Briand, en marge du procès. L'ex-aumônier les voyait à l'école et faisait des sorties avec eux la fin de semaine.

Les deux victimes avaient un point en commun: leur père était absent, selon Me Briand. «C'était des garçons vulnérables qui étaient en quête spirituelle et qui cherchaient un guide.»

Les deux plaignants ont été appelés à la barre des témoins cette semaine. Le premier, âgé de 33 ans, a connu l'abbé Champoux à l'école secondaire Marcel-Vaillancourt. Il affirme avoir été agressé sexuellement de 1991 à 1993, alors qu'il était âgé de 12 à 14 ans environ.

Le deuxième, âgé de 40 ans, a poursuivi son témoignage, hier. Il se souvient d'avoir rencontré le religieux alors qu'il était en 6e année à l'école primaire Saint-Jean, à Laval. Il soutient avoir été agressé de 1984 à 1988, alors qu'il avait entre 12 et 16 ans.

Contre-interrogé par la défense, l'homme a affirmé avoir porté plainte en février 2007 après avoir entendu des histoires d'agressions sexuelles dans les médias et les tribunes téléphoniques. «C'était invivable, je me suis dit: c'est fini», a-t-il raconté.

La Couronne a déposé en preuves des photos de voyages que le plaignant a faits avec Pierre Champoux avant qu'il mette un terme définitif à leur relation, au début des années 90. En 1985, le religieux a amené le jeune adolescent à Walt Disney World, en Floride. Le plaignant a également remis au tribunal plusieurs photos de biens que lui aurait offerts l'accusé, dont des chaînes stéréo, un vélo BMX et un manteau de cuir.

Pierre Champoux, qui est représenté par Me Jean Dury et Me Yves Duceppe, nie avoir commis les gestes qu'on lui reproche. L'homme, qui est en liberté, a plaidé non coupable.

Pendant l'audience, hier, le septuagénaire était assis sur une chaise à l'avant de la salle d'audience, vêtu d'un veston noir, d'un pantalon beige et d'un polo rayé. De temps à autre, le vieil homme aux cheveux blancs et aux mains tremblantes prenait des notes sur de petites fiches. Le plaignant ne l'a pas regardé une seule fois pendant son témoignage.

L'accusé sera de retour devant le juge du 26 au 28 septembre pour la suite de son procès.