Lundi matin, les parents de Jolène Riendeau sont venus déposer des bouquets de fleurs contre un pilier du pont de l'Île-des-Soeurs, à Pointe-Saint-Charles. C'est à cet endroit isolé que se trouvait le corps de leur fille, disparue il y a 12 ans.

Les restes de la fillette de 10 ans étaient enterrés à quelques pas du fleuve Saint-Laurent. Ils se trouvaient à 2 km de la maison qu'elle habitait au moment de sa disparition, le 12 avril 1999.

Cinq jours après avoir annoncé que le corps de Jolène Riendeau avait été retrouvé, le Service de police de la Ville de Montréal (SPVM) a dévoilé lundi les détails entourant la découverte des ossements.

C'est un ouvrier de la construction qui les a trouvés, le 9 septembre, durant des travaux majeurs au pont de l'Île-des-Soeurs, qui relie l'autoroute 15 au pont Champlain. «Ça a pris environ un mois pour confirmer que c'était bien Jolène», a indiqué Ian Lafrenière, responsable des relations médias au SPVM.

D'autres expertises ont été faites jusqu'à la semaine dernière. Selon le sergent Lafrenière, ce sont des éléments récoltés sur la scène qui ont mené à l'arrestation d'un suspect, vendredi. Faute de preuves suffisantes, l'homme de 47 ans a été relâché tôt samedi matin après un interrogatoire de plus de 12 heures.

Selon une information que le SPVM n'a pas confirmée, le suspect aurait déjà rencontré Jolène Riendeau, mais il ne faisait pas partie de son entourage immédiat. À l'époque, il habitait le même quartier qu'elle, à Pointe-Saint-Charles.

L'homme, qui réside à Montréal, a déjà été accusé d'agression sexuelle envers des enfants. Il est dans la ligne de mire des policiers depuis plusieurs années. «C'est encore notre suspect no 1, et l'enquête se poursuit», a indiqué Ian Lafrenière.

La famille se recueille

Vers 9h30 lundi matin, les enquêteurs ont conduit la famille de Jolène Riendeau à l'endroit où le corps a été découvert. Pour y accéder en voiture, il faut emprunter un chemin privé à partir d'une bretelle de l'autoroute 15. L'endroit se situe à environ 100 mètres de la piste cyclable qui mène à l'Île-des-Soeurs.

«Les parents et le frère de Jolène s'y sont recueillis pendant quelques minutes pour lui rendre hommage, a dit la directrice générale d'Enfant-Retour Québec, Pina Arcamone, qui a accompagné la famille.

Pour eux, c'était déchirant de voir l'endroit où le corps se trouvait depuis toutes ces années.» À l'époque, la police avait fouillé tout le secteur, mais elle avait concentré ses recherches dans le canal de Lachine. «Le père de Jolène, qui fait des livraisons, passait par le pont de l'Île-des-Soeurs tous les jours, a souligné Mme Arcamone. Ce matin, il regrettait de ne pas avoir vu sa fille...»

La famille a déposé un petit bouquet de tulipes et un autre de marguerites et de fleurs roses et mauves. «Ils ont choisi des fleurs du printemps, la saison du renouveau et de l'espoir», a dit Pina Arcamone.



Lors du passage de La Presse, lundi midi, deux peintres s'apprêtaient à poser du scellant à béton sous le pont. Quelques cyclistes ralentissaient en voyant les voitures de police et les nombreux médias sur place.

Marc Arseneau, qui emprunte la piste cyclable plusieurs fois par semaine, a souligné qu'il y a nombreuses cachettes potentielles dans le secteur. «Il y a plusieurs chemins, plusieurs traces dans l'herbe», a-t-il souligné. Le bord de l'eau, à Verdun, est un secteur connu des policiers. Des résidants de Verdun le surnomment d'ailleurs la «baie des Capotes», en référence aux activités sexuelles qui s'y déroulent.

Le sergent Ian Lafrenière invite les citoyens qui pourraient faire progresser l'enquête à communiquer avec la police. «Après 12 ans, il est temps de tirer un trait sur cette histoire», a-t-il dit.

Les funérailles vendredi

Par ailleurs, les funérailles de Jolène Riendeau auront lieu vendredi matin à la paroisse St-Charles, située au 2111 rue Centre, à Pointe-Saint-Charles. Les visites auront lieu de 9h à 11h et seront immédiatement suivies du service funéraire. «Après la cérémonie, la famille relâchera dix colombes en son honneur, symboles de la perte d'innocence», peut-on lire dans un communiqué émis lundi par Enfant-Retour.

Les proches et les amis pourront visiter la famille de 18h à 21h jeudi à la résidence funéraire Laurent Thériault, située au 1270 Laprairie, à Pointe-Saint-Charles.

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