Steeve Boulanger, cet escroc caméléon qui a même réussi à berner la GRC, a une personnalité psychopathe. Il souffre aussi d'un trouble de personnalité mixte: borderline et antisocial.

«Le pronostic est très négatif. L'objectif qui doit être appliqué est la protection de la société», a indiqué la juge de la Cour du Québec Louise Villemure, jeudi, au palais de justice de Montréal, en condamnant le fraudeur récidiviste à une lourde peine de 12 ans d'emprisonnement.

Debout dans le box des accusés, l'homme de 43 ans n'a pas bronché. Certaines victimes étaient présentes dans la salle d'audience. L'une d'entre elles, Monique Dumais, à qui l'accusé a extorqué 3500$, trouvait la peine sévère.

«Il y a du monde qui commet des viols, des meurtres, des crimes beaucoup plus graves qui pogne moins que ça», s'étonnait-elle à sa sortie de la cour. Boulanger lui avait fait croire qu'il était pilote d'avion dans l'armée. Elle a été séduite par ses belles paroles. «J'ai de la misère à faire confiance aux hommes maintenant», a-t-elle expliqué.

Mme Dumais espère qu'il recevra les soins dont il a besoin pour qu'il ne fasse plus d'autres victimes. Ce dont doute l'avocat de l'accusé, Me Luc Vaillancourt: «La problématique de M. Boulanger est une pathologie. Il va se retrouver en isolement, probablement dans un pénitencier d'une autre province, alors qu'il parle à peine anglais. Il ne recevra pas les traitements appropriés.»

Boulanger pourrait passer pour un délateur aux yeux des autres détenus, craint son avocat. C'est qu'en 2009, alors qu'il était en prison, Boulanger a contacté le Réseau info-sécurité nationale de la Gendarmerie royale du Canada, afin de donner des informations sur un individu détenu pour terrorisme. Il prétendait qu'un attentat terroriste visait la Tour du CN à Toronto. Les policiers l'avaient pris au sérieux durant quelques semaines avant de se rendre compte qu'il avait tout inventé.

Cette enquête de la GRC avait quand même coûté plus de 60 000$. «L'accusé est l'artisan de son propre malheur», a insisté la magistrate. Aux yeux de la juge, le seul facteur atténuant dans ce dossier est le fait que l'accusé ait plaidé coupable, évitant à ses victimes d'avoir à témoigner dans un procès. Il a reconnu avoir commis des fraudes contre trois personnes en 2005 et en 2007, en plus d'avoir «incité à craindre des activités terroristes».

«Pour arriver à ses fins, l'accusé a utilisé la confiance attachée à certaines professions, tels militaire, médecin.» Il s'agit de l'un des nombreux facteurs aggravants retenus par la juge. La magistrate a aussi insisté sur les nombreux antécédents judiciaires de l'accusé, qui se déclinent sur sept pages. «Une récidive est imminente dès son retour en communauté», peut-on d'ailleurs lire dans un rapport préparé par les services correctionnels.

La défense avait recommandé une peine de 8 à 10 ans de prison, alors que le procureur de la Couronne, Me Mario Longpré, estimait plutôt que Boulanger devait écoper du maximum prévu par le Code criminel en matière de fraude, soit 14 ans de prison.

Le fraudeur récidiviste Steeve Boulanger écope d'une peine de 12 ans de pénitencier.