Le jeune Gaspésien soupçonné d'avoir tué ses grands-parents avant de s'enlever la vie ce week-end a laissé une lettre qui contredit l'hypothèse du double meurtre suivi du suicide. Sa mère le croit, mais la Sûreté du Québec maintient ses positions.

Jointe lundi à Sainte-Florence, dans la Vallée de la Matapédia, la mère de Jonathan Beauchemin, Guylaine Allard, a tenu à partager le contenu de la lettre que son fils a écrit avant de se suicider. Il laisse entendre qu'il a tué son grand-père après que ce dernier eut tué sa grand-mère.

«Je connais la lettre par coeur, a dit Guylaine Allard, la voix étranglée par l'émotion. Jonathan m'a écrit: «Mon grand-père, c'est un colon. Il a forcé ma grand-mère à le suivre. Il a tué grand-maman, et je ne pourrai jamais vivre avec cette dernière image-là».»

Samedi, le corps de Gérard Allard, 68 ans, a été découvert par un passant dans un boisé de Sainte-Florence, à 30 kilomètres au sud d'Amqui. Il présentait des blessures à la tête. Le soir même, les policiers ont trouvé le corps de son petit-fils, Jonathan Beauchemin, 24 ans, dans la résidence de ses grands-parents. Il était atteint de projectiles. Le lendemain, les recherches ont mené à la découverte du corps de la grand-mère, Andrée Loiselle, 71 ans, près de la route 132. Elle était aussi blessée à la tête.

Selon l'hypothèse principale de la Sûreté du Québec, le jeune homme aurait tué ses grands-parents avant de se suicider, dans la nuit de vendredi à samedi.

La mère de Jonathan Beauchemin n'y croit rien. «Je ne trouve pas ça juste, ils veulent faire passer mon fils pour un assassin, a-t-elle dit. Quand un enfant pose un geste de même, pensez-vous qu'il conterait des menteries dans la lettre?»

Guylaine Allard soutient que son père, ancien employé d'un moulin à bois, était dépressif depuis le suicide de son fils, il y a cinq ans. Il n'a jamais été violent physiquement, mais il se montrait colérique envers sa femme, atteinte de dégénérescence maculaire.



«D'après moi, elle lui a dit qu'elle voulait le quitter et il a paniqué», a avancé Guylaine Allard. Son fils, qui soupait chez ses grands-parents le soir du drame, a possiblement «vengé» sa grand-mère, selon Mme Allard. Elle croit qu'il s'est suicidé parce qu'il était «trop sensible» pour traverser un tel drame.

«Cet enfant-là n'a pas tué sa grand-mère, c'est impossible. Elle était comme une deuxième mère pour lui», a ajouté Guylaine Allard, soulignant qu'il a habité chez ses grands-parents il y a environ deux ans.

La SQ confirme que Jonathan Beauchemin a laissé une lettre de suicide, mais l'hypothèse du double meurtre suivi d'un suicide «demeure la plus plausible», a indiqué le porte-parole de la SQ, Claude Ross. «On peut comprendre l'état dans lequel la mère se trouve, mais malgré ce qu'elle a dit, nous avons toujours un seul suspect», a-t-il dit.

Les expertises effectuées sur les scènes de crime et les différents témoignages tendent à soutenir l'hypothèse des policiers, selon le sergent Ross. L'autopsie permettra d'en apprendre plus sur les circonstances du drame.

Des membres de la famille demeurent également sceptiques envers le contenu de la lettre laissée par Jonathan Beauchemin. «Il va falloir attendre des éclaircissements, parce qu'on ne croit pas tout», a dit l'oncle du grand-père, René Allard.

Selon lui, Jonathan Beauchemin avait des problèmes de consommation de drogue. «Il avait tendance à mentir et à manipuler les autres, a dit René Allard. Ses grands-parents l'ont câliné comme le Bon Dieu, mais lui, il demandait de l'argent.»

Guylaine Allard soutient pour sa part que son fils ne consommait plus de drogues depuis plusieurs mois.

Photo: fournie par la famille

Andrée Loiselle, 71 ans, découverte morte le 24 avril.