Le présumé mafieux Giuseppe De Vito a été forcé de témoigner ce matin à l'enquête préliminaire de son ex-femme, Adèle Sorella, accusée d'avoir tué leurs deux fillettes.

De Vito, 44 ans, était recherché par la police depuis plus de deux ans lorsque le drame est survenu, le 31 mars 2009, dans la résidence familiale de Duvernay, à Laval. Adèle Sorella a été arrêtée le jour même, puis accusée du meurtre prémédité de ses deux filles : Amanda, neuf ans, et Sabrina, huit ans.

Recherché dans le cadre de l'opération Colisée pour une affaire d'importation de cocaïne, De Vito, soupçonné d'appartenir à la mafia, a finalement été arrêté en octobre dernier. Il est incarcéré depuis.

De Vito a été assigné à témoigner par la poursuite au palais de justice de Laval. L'avocat du présumé mafieux, Me Daniel Rock, a tout fait pour éviter à son client de témoigner contre son ex-femme.

Ce matin, le juge Paul Chevalier de la Cour du Québec a toutefois ordonné à M. De Vito de répondre aux questions de la Couronne, sans quoi il risquait d'être accusé d'outrage au tribunal.

Un interdit de publication empêche les médias de rapporter le contenu de son témoignage. Debout dans le box des accusés, De Vito a jeté de nombreux regards dans l'assistance lors de son témoignage qui a duré moins de 30 minutes. Son ex-femme, en liberté durant le processus judiciaire, était assise dans la troisième rangée.

«Mon client était émotif. Il a exprimé son profond dégoût face à tout ce qui se passe. Quand les enfants d'une personne meurent, si en plus, il y a une série d'événements qui font en sorte que ça revient toujours dans l'actualité, c'est plus difficile pour les personnes de vivre cela», a expliqué Me Rock aux médias présents, en marge de l'audience.

En octobre dernier, De Vito a plaidé non coupable à des accusations de gangstérisme et de complot en lien avec une affaire d'importation de 218 kg de cocaïne à l'aéroport Montréal-Trudeau survenue en 2005. Il doit subir son procès en novembre prochain.

«Ça va faire deux ans cette semaine qu'elles (ses filles) sont décédées. C'est assez difficile de contrôler ses émotions dans ces circonstances-là», a ajouté l'avocat de défense. Bien que M. De Vito et Mme Sorella ne forment plus un couple, ils sont toujours mariés.

«Il est évident que le témoin, M. De Vito, n'appréciait pas tellement de devoir témoigner à la cour aujourd'hui, mais comme tout citoyen, il n'avait pas le choix de répondre à l'assignation qui lui a été lancée», a souligné pour sa part, le procureur de la Couronne, Me Louis Bouthillier. Malgré l'attitude réfractaire du témoin, le procureur de la poursuite assure qu'il a posé toutes les questions qu'il avait à poser.

Il est très rare qu'un témoin ait son propre avocat dans une cause criminelle, mais dans ce cas-ci, c'était nécessaire, selon la poursuite, afin qu'il comprenne bien les risques encourus s'il refusait de témoigner.

Avant de reprendre le chemin des cellules à la fin de son témoignage, De Vito a jeté un dernier regard vers son ex-femme. L'homme de 44 ans, qui avait déjà perdu environ 75 livres durant sa longue cavale, avait l'air encore davantage amaigri aujourd' hui.

L'enquête préliminaire se conclura demain par les plaidoiries de la Couronne et de la défense. Le juge Chevalier devra ensuite décider si la preuve est suffisante pour que l'accusée soit citée à procès.