Le jeune Maor Attar entendait des voix et souffrait d'une sévère psychose quand il a tué sa soeur à coups de couteau et de marteau, le 9 août dernier. La juge France Charbonneau a déclaré le jeune homme de 19 ans non criminellement responsable de ce crime, ce midi, à Montréal.

Il n'y a aucune raison de rejeter les conclusions des deux psychiatres, a fait valoir, la juge en rendant sa décision. De fait, deux psychiatres, un embauché par la défense, et l'autre par la Couronne, ont conclu que Maor Attar n'était pas en contact avec la réalité quand il a commis le crime. En psychose sévère, il savait qu'il tuait sa soeur, mais ne savait pas que c'était mal.

Le jeune homme était accusé du meurtre prémédité de sa soeur Shirel. L'adolescente de 14 ans a été tuée de 40 coups de marteau à la tête, et de 51 coups de couteau, alors qu'elle se trouvait dans sa chambre. Elle avait d'ailleurs verrouillé sa porte, car elle craignait son frère. Selon l'exposé présenté devant la Cour supérieure aujourd'hui, son frère a défoncé la porte pour l'attaquer, car elle l'empêchait de se concentrer. Il croyait être en contact avec des extraterrestres, et des voix lui ont ordonné de «le faire maintenant.» Le drame s'est produit dans la journée, en l'absence des autres membres de la famille. En rentrant, vers 18h40, la mère et la soeur aînée de la victime, ont découvert le carnage. Le jeune Maor a été arrêté dans la soirée, alors qu'il errait dans les rues, non loin. Il avait bu du diluant à peinture pour se suicider. La lettre, qu'il a laissée sur les lieux du drame, témoigne de sa détresse psychologique. «Même si j'ai plus de connaissances que les morts, je suis un mort vivant depuis deux ans... Toutes mes capacités se sont évanouies. Tous mes trésors sont partis...», écrivait-il.

Le garçon était étrange depuis deux ou trois ans, ce qui laisse supposer qu'il souffrait de maladie mentale depuis un certain temps, a-t-on fait valoir ce matin. Mais la situation avait empiré au cours des derniers mois. Il s'enfermait dans sa chambre, ne sortait jamais, ne faisait aucun sport. Il croyait avoir des pouvoirs psychiques extraordinaires. Inquiète, sa mère cherchait de l'aide, et un rendez-vous devait apparemment avoir lieu un peu plus tard en août.

En arrivant dans le box ce matin, Maor Attar a regardé autour de lui, avec un regard étrange. Ses yeux sautaient sans cesse de gauche à droite. Son avocat, Me Daniel Lighter, a expliqué par la suite que c'était en raison d'une maladie oculaire qui était présente avant le drame. Pendant que Me Lighter et la procureure de la Couronne Hélène Di Salvo exposaient les faits, l'accusé semblait restait impassible et fermait les yeux pendant de longs moments. Son père, qui s'était déplacé de banc dans la salle afin de voir son fils, s'est effondré en larmes, pendant la pause. Le drame a bouleversé la famille. Les parents étaient séparés depuis 2003, et les enfants habitaient avec la mère.