Steeve Boulanger, ce Casanova de la fraude qui a arnaqué quantité de personnes, notamment des femmes dont il a fait la connaissance par des lignes de rencontre, va récidiver s'il n'est pas traité.



C'est ce qu'a dit son avocat, Luc Vaillancourt, mardi, au palais de justice de Montréal, dans sa plaidoirie sur la peine à infliger à son client. «Je ne suis pas psychiatre, mais on parle d'un certain désordre psychiatrique. M. Boulanger, je le connais depuis longtemps, et je crois sincèrement à une pathologie. Il vient un moment où il se croit lui-même», a expliqué l'avocat, qui recommande une peine de 8 à 10  ans de prison et, idéalement, un traitement. Le procureur de la Couronne, Mario Longpré, estime pour sa part que Boulanger mérite le maximum prévu par le Code criminel en matière de fraude, soit 14 ans de prison.

Boulanger a plaidé coupable à des accusations de fraudes commises contre trois personnes en 2005 et en 2007, ainsi qu'à une accusation «d'incitation à craindre des activités terroristes». En 2009, alors qu'il était en prison, Boulanger a appelé la Sécurité nationale de la GRC pour dire qu'il avait appris d'un codétenu que des gens projetaient de faire sauter une bombe à Montréal. La GRC avait entrepris une grande enquête. Au bout de deux semaines, les policiers ont fini par se rendre compte que Boulanger avait tout inventé.

Âgé de 43 ans, Boulanger a passé beaucoup de temps en prison, notamment pour fraude. Aussitôt sorti, il recommençait en se faisant passer tantôt pour un militaire, tantôt pour un médecin, un avocat ou un riche homme d'affaires.«Il me disait qu'il était militaire depuis 20 ans, qu'il rentrait au pays après 18 ans, qu'il enseignerait le pilotage à l'armée, qu'il venait de s'acheter un condo de 400 000$, qu'il venait de gagner un million à la 6/49, qu'un ami lui vendait un restaurant pour le prix des taxes», a énuméré une femme, mardi matin, devant la juge Louise Villemure. Par ses subterfuges, en 2005, Boulanger a soutiré 3500$ en 5 jours à cette femme peu fortunée. Comme cette dernière s'est manifestée tardivement (les policiers ne l'avaient pas prise au sérieux en 2005, a-t-elle dit mardi), aucune accusation n'a été portée contre Boulanger dans ce cas précis. Mais la juge a accepté son témoignage, qui visait à éclairer la Cour sur le caractère de Boulanger.

La juge Villemure a mis la cause en délibéré et prononcera la peine le 28 avril. L'accusé est détenu depuis son arrestation, en décembre 2007. Il n'a pas témoigné aux plaidoiries sur la peine.