L'ancien gourou Roch «Moïse» Thériault a été retrouvé mort samedi matin dans sa cellule du centre correctionnel de Dorchester, au Nouveau-Brunswick. Selon les premiers éléments de l'enquête, il aurait été assassiné par un autre détenu.

L'ex-chef de secte de 63 ans a été impliqué dans une violente bagarre avec un détenu, a indiqué la Gendarmerie royale du Canada (GRC) dans un bref communiqué. «Le décès de Thériault est considéré comme un homicide, et un homme de 59 ans, qui est aussi détenu au pénitencier, a été arrêté en lien avec l'incident. L'enquête se poursuit», s'est limité à indiquer le corps policier fédéral.

Roch Thériault est connu pour avoir fondé et dirigé une secte dans les années 80, qui s'était d'abord établie à Sainte-Marie-de-Beauce, puis à Saint-Jogues, en Gaspésie, et finalement à Burnt River, en Ontario.

L'homme avait été condamné à la prison à vie en 1993 pour le meurtre d'une adepte, Solange Boilard. Alors qu'il était en état d'ébriété, le gourou l'avait opérée avec un couteau, sans anesthésie, afin de lui retirer une partie de l'intestin. Elle est morte au bout de son sang après 24 heures d'agonie. «Moïse» Thériault s'était aussi livré à des sévices physiques et sexuels sur les membres de sa secte. Il avait notamment procédé à l'amputation à froid de la main d'une autre «disciple», Gabrielle Lavallée. Roch Thériault aurait eu huit femmes et 28 enfants.

Les dernières confidences de Thériault

Incarcéré en 1988, Roch Thériault n'avait jamais parlé publiquement. Il a brisé le silence il y a un peu moins d'un an dans une lettre de 18 pages envoyée aux journaux. Notre journaliste Michèle Ouimet avait ensuite pris contact avec lui et réalisé une série de six entrevues téléphoniques de 30 minutes. Un dossier percutant relatant sa naissance incestueuse, son enfance marquée par la violence, l'histoire de sa secte et ses longues années de prison a été publié dans les pages de La Presse en janvier dernier.

Roch Thériault est né d'un rapport incestueux entre sa mère et son grand-père. Il vit une enfance difficile marquée par le rejet et la violence de son beau-père. À l'âge de 14 ans, il fait une fugue et s'engage dans l'Église adventiste du Septième Jour. C'est là qu'il rencontre les premiers adeptes de sa future secte. En 1978, il convainc une poignée de fidèles de le suivre.

«J'ai utilisé la fin du monde pour convaincre mes fidèles de me suivre dans le bois. Je ne crois ni à Dieu ni au diable. Je leur disais que la fin du monde serait terrible, qu'il tomberait de la glace. Je les ai manipulés avec la Bible», a-t-il raconté à Michèle Ouimet.

Les 10 années suivantes sont dignes d'un véritable film d'horreur. Moïse bat, humilie et force ses disciples à se masturber. Il castre également un homme.

«Pourquoi j'ai donné des coups de poing et des coups de pied? s'est-il interrogé 30 ans plus tard. Pourquoi toute cette violence contre les femmes? Pourtant, j'aime les femmes comme un fou. C'est l'histoire de ma vie, je suis un don Juan. Mais je leur ai fait du mal, comme un bourreau. Ce que j'ai fait, je l'ai fait.»

Moïse a également accepté de revenir sur la mort de Solange Boilard. «J'étais en boisson. Pour moi, la boisson, c'était fatal. J'étais complètement défoncé, je faisais des psychoses. Il y a beaucoup de choses que j'ai oubliées.»

Après le décès de Mme Boilard, il déterre son corps et se confectionne un collier avec ses os. Il fait également scier son crâne pour «s'y masturber et redonner vie à ses os». Il a toutefois déclaré ne jamais avoir accepté sa mort. «J'avais de la peine, c'est effrayant. J'ai eu énormément de remords. Ce que j'ai fait est écoeurant, épouvantable, vomissant.»

La vie de Thériault derrière les barreaux semble avoir été difficile. Il dit avoir été l'objet de deux tentatives de meurtre. Il aurait été battu à plusieurs reprises. La dernière fois aura été fatale.

«Je me dis: Tu as fait manger de la marde aux autres, manges-en à ton tour», avait-il affirmé au sujet de son traitement en prison. «Maudite violence.»

- Avec La Presse Canadienne