Récolter de l'information sur un crime, trouver des témoins, prévoir les délits... Ces tâches sont généralement associées aux policiers de terrain. Bientôt, la police de Montréal les accomplira également sur l'internet.

Le Service de police de la Ville de Montréal (SPVM) entend créer un poste de spécialiste en médias sociaux, a appris La Presse. Le policier ou le civil qui sera embauché devrait entrer en fonction à l'automne.

«Notre but est de nous rapprocher des jeunes, qui sont plus enclins à utiliser l'internet que le téléphone, indique Charles Mailloux, inspecteur à la section des enquêtes spécialisées du SPVM. Nous voulons recevoir de l'information et aller chercher le pouls des jeunes.»

Le SPVM s'inspire de la police de Toronto, qui a créé un poste semblable en avril dernier. Aujourd'hui, l'agent Scott Mills communique quotidiennement avec quelque 20 000 internautes sur Facebook, Twitter et YouTube.

Les réseaux sociaux lui permettent de diffuser de l'information rapidement à un grand nombre de personnes, souligne M. Mills. «Par exemple, s'il y a un meurtre, je peux mettre une vidéo en ligne pour faire progresser l'enquête.»

Cette méthode de communication est efficace. Selon Scott Mills, la police de Toronto reçoit en moyenne 1000 renseignements anonymes par mois, soit trois fois plus qu'avant. L'an dernier, les autorités ont pu prévenir une fusillade dans une école de Toronto après avoir reçu une information sur Facebook.

«Grâce aux réseaux sociaux, il est possible de parler à des gens qu'on n'aurait pu rejoindre autrement», souligne Scott Mills, qui compte des jeunes proches des gangs de rue parmi ses «amis» Facebook.

Un outil essentiel

Les forces de l'ordre ont tout avantage à se servir des réseaux sociaux, selon Carlo Morselli, professeur à l'École de criminologie de l'Université de Montréal. Les policiers les utilisent pour rejoindre la population, mais aussi pour récolter des renseignements sur les groupes criminels, qui ont tendance à se dévoiler sur l'internet.

«À une certaine époque, les policiers ont accepté d'utiliser le téléphone, souligne M. Morselli. Maintenant, on va vers ça. C'est la voie de communication d'aujourd'hui.»

Même Interpol commence à s'y intéresser. L'an dernier, l'organisation policière internationale a lancé un appel sur les réseaux sociaux pour retrouver 26 fugitifs soupçonnés d'avoir commis des crimes graves.

Charles Mailloux confirme que les enquêteurs montréalais s'en servent aussi. «On les utilise pour valider certains renseignements et pour prévenir des crimes, comme des affrontements ou encore le recrutement de jeunes filles», dit-il.

L'utilisation des réseaux sociaux a tout de même ses limites, souligne l'inspecteur Mailloux. «La technologie évolue à une vitesse folle et ça prend énormément de ressources humaines pour pouvoir suivre tout ça.»