Sylvain Loiselle, l'homme qui a tué sa soeur à Saint-Lin-Laurentides, a téléphoné mercredi matin à l'émission de Claude Poirier, à LCN. En ondes, il a bien fait sentir qu'il n'avait aucun remords pour l'assassinat, mais qu'il était «vraiment désolé» d'avoir laissé seul son neveu, lourdement handicapé, enfermé et complètement démuni.

«Oui, j'ai tué ma soeur, mais mon neveu, je ne lui veux aucun mal.»

«Quand je suis parti, je l'ai fait déjeuner, je l'ai fait pisser, je lui ai mis un film, je lui ai dit: «Tu ne vas pas à l'école, ce matin. Reste tranquille, ti-cul, maman ne file pas, elle dort.»»

S'il l'a abandonné dans sa chambre, son fauteuil roulant bloquant la porte, c'est qu'il ne voulait pas qu'il découvre le cadavre de sa mère.

En prison, Loiselle écoutait tout bonnement l'émission de Claude Poirier quand il a senti le besoin de téléphoner pour rectifier les faits parce que, à cause du traitement infligé à son neveu, «je passe pour une hostie de crapule», notamment auprès des codétenus.

«Je suis vraiment désolé de ce que j'ai fait à mon neveu, j'ai des remords, a-t-il dit. Si mon neveu n'avait pas été là (prisonnier dans la maison), je ne me serais pas rendu (à la police).»

Quant à sa soeur, il n'a exprimé aucun remords. Tout au plus Loiselle a-t-il dit: «C'est crapuleux, ce que j'ai fait, je ne suis pas fier de moi, mais c'est fait, c'est fait. J'ai pété les plombs.»

Si les fils se sont touchés, a-t-il poursuivi, ça n'a rien à voir avec l'histoire de querelle d'héritage qui circule depuis quelques jours, mais tout à voir avec des relations familiales difficiles depuis longtemps.

Loiselle habitait chez sa soeur depuis la mort de leur père, il y a deux mois. Elle l'invectivait sans cesse, a-t-il raconté, le traitait «de bâtard, de chien, de sale».

Sa mésentente avec sa soeur date de bien plus longtemps, cependant, et s'est trouvée exacerbée quand, en 2007, elle a refusé d'aller le conduire à son travail, une plantation. «Je sais, ce n'est pas légal, a-t-il dit. Elle m'a fait perdre 50 000$.»

La mort du père, en début d'année, a été déterminante. Il a expliqué qu'il avait confié au meilleur ami de son père: «Il ne faut pas que mon père meure et, s'il meurt, il ne faut pas que ça aille mal dans ma vie parce que je vais régler mes comptes. Toute ma vie, on a profité de moi. Je suis tanné.»

Loiselle a expliqué que sa mère, qui ne voulait pas de fils, le battait, et qu'il a passé toute sa jeunesse en centre d'accueil avant de faire 19 ans de prison.

Quand il s'est rendu au poste de police, au début de la semaine, il s'est présenté avec les clés de la maison et la carte d'assurance maladie de son neveu. Il aurait dit à l'enquêteur: «Ma soeur est morte, casse-toi pas la tête, c'est fini, mais pour mon neveu, dépêchez-vous, il faut qu'il sorte de là.»

Depuis des jours, déjà, il allait chercher le journal à l'épicerie, espérant y lire que son neveu avait pu être entendu des voisins et secouru.

Sylvain Loiselle a été accusé mardi après-midi du meurtre prémédité de sa soeur Linda. Il est aussi accusé de séquestration et de négligence criminelle ayant causé des lésions, parce qu'il a abandonné son neveu en le sachant incapable de subvenir à ses besoins.

Le neveu était fortement déshydraté.