Patrick Saulnier, cet homme de 27 ans qu'un agent du SPVM a abattu en fin de semaine après une introduction par effraction à Beaconsfield, avait un dossier criminel bien garni. Arrêté dans des circonstances semblables en 2009, il avait été libéré de prison récemment.

Son présumé complice, Dany Provençal, 31 ans, a comparu lundi après-midi au palais de justice de Montréal, où il a été accusé sous 11 chefs en lien avec cette introduction par effraction.

La police a interpellé les deux hommes dans la nuit de samedi à dimanche. On les soupçonnait d'avoir été les auteurs d'une introduction par effraction qui venait de se produire dans une maison située au 380, rue Windermere. Réveillé par des bruits, le résidant de l'endroit, Carlos Birlain Noriss, aurait constaté que deux hommes dans la vingtaine avaient pénétré chez lui et cherchaient de la drogue. «L'un d'eux a tiré deux fois avec un fusil automatique», a raconté le père de famille à une journaliste de La Presse. Les intrus se seraient finalement rendu compte qu'ils s'étaient trompés de maison et seraient repartis. Ils ont fui à bord d'une Mercedes-Benz, mais celle-ci est entrée en collision avec une autre voiture un peu plus loin avant de s'enliser dans la neige. Les deux suspects sont partis à pied. Ils ont tenté d'échapper à la police en passant sur des terrains privés. Un peu plus tard, Saulnier a été abattu, mais on ignore dans quelles circonstances. L'enquête a été confiée à la Sûreté du Québec étant donné que le SPVM a été impliqué dans la mort du suspect.

Incident prémonitoire, à l'été 2009, Saulnier s'était fait arrêter dans des circonstances semblables. Une nuit d'août 2009, il avait commis un vol par effraction dans une épicerie Metro de Labrecque, au Saguenay, avec un complice. Le système d'alarme s'était déclenché, et les voleurs avaient fui en voiture. Sur le point d'être attrapés par la police, ils avaient abandonné leur véhicule pour fuir à pied. Saulnier avait été arrêté, tandis que l'autre a pu s'enfuir dans les bois. On ne l'a jamais identifié.

Aimer être en détention

Depuis l'âge de 18 ans, Saulnier accumulait les condamnations, dont plusieurs pour introduction par effraction. Dès 2002, un rapport établi à son sujet signalait que le jeune homme aimait être en détention. «En sortant, sa seule ambition est de commettre des crimes pour y retourner», dit un article publié dans le journal Le Quotidien en novembre 2002. Le juge Jean-Paul Aubin aurait voulu donner une chance au jeune homme, mais ce dernier n'avait pas saisi les perches qu'on lui tendait. «En commandant ce rapport, je m'étais accroché à l'espoir d'un peu de positif qui m'aurait permis de vous éviter le pénitencier», avait signalé le juge. En prison, Saulnier a été l'objet de nombreux rapports disciplinaires. En liberté, il commettait d'autres crimes qui le ramenaient en prison, mais pas pour de longues périodes.

En février 2010, Saulnier a reconnu sa culpabilité à une série de vols dans de petits commerces et a été envoyé en cure fermée à la Maison Carignan. Selon un homme qui assistait lundi à la comparution de Provençal, Saulnier était sorti de prison au début janvier et s'était établi à Longueuil. Il doute que ses amis, qu'il a connus en prison, aient voulu commettre un braquage de domicile, car ce n'est «pas leur genre» d'entrer dans une maison où il y a du monde, a-t-il laissé entendre.

Provençal, qui a lui aussi un lourd dossier criminel, est accusé d'introduction par effraction, de séquestration et de menaces de mort contre Carlos Birlain Noriss et Tiziana Damilio, de possession, d'utilisation et de manipulation d'une arme à feu ainsi que d'avoir braqué cette arme. Il fait également face à des accusations de conduite dangereuse, de délit de fuite alors qu'une personne était blessée, de méfait et de complot avec Saulnier ainsi qu'avec une autre personne non identifiée.