Le seul homme jamais reconnu coupable relativement aux attentats d'Air India a été condamné, vendredi à Vancouver, à neuf ans de prison pour s'être parjuré au procès de deux autres individus acquittés dans cette affaire.

Inderjit Sign Reyat a déjà passé 17 mois en prison en attendant ce procès, et devra donc encore passer sept ans et sept mois derrière les barreaux pour avoir menti lors du procès de deux hommes accusés en lien avec les attentats de juin 1985 qui avaient coûté la vie à 331 personnes, surtout des Canadiens.

Reyat avait été reconnu coupable de parjure en septembre dernier pour avoir menti à 19 reprises lors du procès qui avait mené en 2003 à l'acquittement d'Ajaib Sing Bagri et de Ripudaman Singh Malik. Les deux hommes étaient accusés d'assassinat collectif et de complot.

Au moment de prononcer la peine, vendredi, le juge Mark McEwan, de la Cour suprême de Colombie-Britannique, a déclaré que les effets du parjure de Reyat sur l'issue du procès des deux hommes étaient incalculables.

Il a ajouté que la majeure partie des preuves données par l'accusé, alors qu'il était sous serment, étaient inconsistantes avec le sens commun et que ses mensonges, quelques mois seulement après avoir plaidé coupable dans le cadre de son entente qui comprenait son témoignage, «laissaient croire à un profond rejet des valeurs canadiennes».

La peine maximale pour parjure est de 14 ans de prison, mais la peine de neuf ans de Reyat pourrait bien être la plus importante jamais imposée par un tribunal canadien pour avoir menti sous serment.

Le vol 182 d'Air India, qui avait décollé de Montréal, s'est écrasé dans l'océan Atlantique, au large de l'Irlande, le 23 juin 1985 après qu'une bombe eut explosé en plein vol. Le même jour, deux bagagistes de l'aéroport Narita de Tokyo ont été tués par une bombe placée dans une valise, et destinée à un autre vol d'Air India transportant 250 passagers.

Reyat a déjà purgé une peine de 10 ans de prison pour homicide involontaire relativement à l'attentat de Tokyo, ainsi qu'une controversée peine de cinq ans de détention en échange de son témoignage et de son admission qu'il avait aidé à fabriquer l'engin explosif qui avait pulvérisé le vol 182.

En le reconnaissant coupable en septembre dernier, le juge McEwan indiquait que le parjure de Reyat soulève des doutes quant à la validité de ses aveux qui lui ont valu de passer cinq ans en prison pour homicide involontaire relativement à l'attentat du vol 182.

La Couronne maintient que des sikhs britanno-colombiens ont mis sur pied le complot pour se venger de la compagnie aérienne nationale indienne, après que l'armée indienne eut lancé un assaut contre le plus important des lieux saints sikhs à Amritsar en juin 1984, dans une tentative de déloger des séparatistes sikhs.

La poursuite réclamait une peine avoisinant le maximum possible de 14 ans, soulignant que les mensonges de Reyat avaient privé de justice les familles des victimes des attentats.