Arrêté l'automne dernier après quatre ans de cavale, le présumé mafieux Giuseppe De Vito pourrait maintenant devoir témoigner contre sa femme, Adèle Sorella, accusée du meurtre de leurs deux filles.

C'est du moins le souhait de la Couronne, qui veut clore sa preuve à l'enquête préliminaire de Mme Sorella avec le témoignage de M. De Vito. L'homme de 44 ans s'était enfui à l'automne 2006, au moment de l'opération Colisée, qui visait la mafia italienne. Il figurait sur la longue liste des suspects recherchés pour trafic de grosses quantités de drogue, complot et gangstérisme. La police ne l'a pas trouvé. Il était en cavale depuis deux ans et demi au moment de la mort tragique de ses filles, le 31 mars 2009. Amanda, 9 ans, et Sabrina, 8 ans, ont été trouvées mortes dans la luxueuse résidence du couple, à Duvernay.

De Vito ne s'est pas manifesté, du moins ouvertement, ni pendant ni après les funérailles des enfants. Au mois d'octobre dernier, cependant, il a été arrêté. Il avait modifié son apparence - il avait perdu beaucoup de poids et portait les cheveux longs - et vivait apparemment incognito chez son amie, une jeune femme dans la vingtaine, à Saint-Léonard. À ce moment, la Couronne avait fini de présenter sa preuve à l'enquête préliminaire de Mme Sorella. Il ne restait que les plaidoiries, qui devaient avoir lieu vendredi.

Nouvelle preuve

Dès l'ouverture de la séance, vendredi, le procureur de la Couronne, Louis Bouthillier, a demandé à rouvrir la preuve pour deux raisons. Il voulait produire un rapport d'ADN reçu au cours des dernières semaines et faire témoigner M. De Vito puisqu'il est maintenant «disponible».

Le juge Paul Chevalier a immédiatement accepté de rouvrir la preuve, mais Me Daniel Rock, qui représente De Vito, a dit qu'il avait besoin de temps pour analyser cette demande de la Couronne. Il songe à contester l'assignation à témoigner, mais il n'a pas encore pris de décision. Il se demande si la Couronne a le pouvoir de contraindre un mari à témoigner contre sa femme. «La question n'est pas simple, la jurisprudence est partagée», a dit Me Rock en demandant le report de cette partie de l'audience. Le juge Chevalier a acquiescé. L'exercice se tiendra à partir du 29 mars prochain.

De Vito, qui avait été amené au palais de justice de Laval au cas où, n'a finalement pas eu à se présenter dans la salle d'audience, vendredi. Mme Sorella, qui a obtenu sa liberté sous cautionnement l'été dernier, après 18 mois de détention, était évidemment présente. Elle est représentée par Me Pierre Poupart.

Vendredi après-midi, deux témoins, une agente de la police de Laval, Manon Sauvageau, ainsi que la biologiste judiciaire Jacynthe Prévost, sont venues témoigner brièvement au sujet de la preuve d'ADN. Un interdit de publication nous empêche de dévoiler la teneur de leurs témoignages, tout comme le reste de la preuve qui a été présentée à cette enquête préliminaire.