Un grave conflit entre voisins a pris une tournure dramatique, samedi à Mascouche, dans Lanaudière. Un homme de 48 ans aurait poignardé deux de ses voisins après avoir tenté d'en percuter un avec sa camionnette.

Cette violente agression est le dernier épisode d'une guerre de voisinage qui s'envenime depuis plusieurs mois à coups de menaces, d'insultes et de plaintes à la police.

L'affaire s'est produite peu après midi dans la rue Alsace, près du chemin Pincourt. L'une des victimes, Pierre St-Onge, sortait de la résidence de son voisin d'en face lorsqu'il a croisé le suspect, Vincenzo Pizzi, qui était au volant de sa camionnette.

«Le suspect a reconnu son voisin et il a tenté de le frapper avec son véhicule», a indiqué Céline St-André, porte-parole de la police de Mascouche. Touché au tibia, Pierre St-Onge a néanmoins réussi à éviter la camionnette.

Vincenzo Pizzi, 48 ans, est alors sorti de son véhicule. Les deux hommes auraient eu une première altercation dans la rue. M. St-Onge, un travailleur de la construction, s'est réfugié dans le garage de son ami Jocelyn Mathieu, 43 ans, le voisin à qui il venait de rendre visite.

M. Pizzi l'aurait suivi à l'intérieur du garage. «Sur les lieux, les deux hommes (Pierre St-Onge et Jocelyn Mathieu) ont été atteints à l'arme blanche à l'abdomen», a indiqué l'agente St-André, qui n'a pas confirmé, dimanche, l'identité des victimes ni celle du suspect. Celui-ci serait alors retourné chez lui à bord de sa camionnette, renversant au passage une borne-fontaine.

Alertés par le bruit, les proches de Pierre St-Onge se sont approchés de la scène. Le beau-fils de M. St-Onge a prodigué les premiers soins aux victimes en attendant l'arrivée des ambulances.

Les deux hommes ont été transportés à l'hôpital, où ils ont été opérés pour soigner de graves lésions internes. Ils sont hors de danger.

Le suspect pourrait être accusé aujourd'hui au palais de justice de Joliette de tentatives de meurtre, d'introduction par effraction et de non-respect des conditions, selon la police de Mascouche. Il pourrait aussi faire face à une accusation d'agression armée pour avoir tenté de percuter son voisin avec sa camionnette.

Un conflit de longue date

La Presse s'est entretenue, dimanche, avec les proches de Pierre St-Onge et avec ceux de Vincenzo Pizzi. Les deux familles s'entendent pour dire que le conflit perdure depuis un an et demi, mais chacune accuse l'autre d'en être responsable.

Tout a commencé en juin 2009, lorsque Vincenzo Pizzi a acheté une maison dans la rue Alsace pour s'y installer avec sa femme et ses deux adolescents. M. Pizzi, qui souffre de douleurs chroniques, possède un permis pour faire pousser du cannabis.

Pierre St-Onge, qui habite deux maisons plus loin, se serait plaint auprès des Pizzi que leurs deux bergers allemands aboyaient sans cesse et que leur terrain était mal entretenu. «Dès que mon père l'approchait, il lui répondait: "Ne me parle pas, sinon, je vais te tuer"», a relaté la fille de M. St-Onge, Jennifer.

Le conflit entre le suspect et les deux victimes s'est aggravé au fil des mois, selon un voisin, Ghislain Tremblay. «Ça s'écoeurait sans arrêt, a-t-il résumé. L'un disait: "Je vais t'arracher la tête" et l'autre répondait: "Je vais te péter la gueule".»

La situation était tellement tendue que Ghislain Tremblay préférait que ses enfants n'aillent plus jouer au domicile de la deuxième victime, Jocelyn Mathieu, qui a aussi des enfants. «Je sentais qu'il allait se passer quelque chose», a-t-il dit.

L'été dernier, Vincenzo Pizzi a porté plainte à la police contre Pierre St-Onge pour menaces de mort. Peu après, Pierre St-Onge a lui aussi porté plainte contre Vincenzo Pizzi pour menaces de mort. La plainte contre Vincenzo Pizzi a été retenue, mais celle contre Pierre St-Onge n'a mené à aucune accusation, selon les documents de cour consultés dimanche. Selon leurs proches, les deux hommes se seraient fait saisir leurs armes à feu et devaient éviter tout contact avec la famille de l'autre.

La femme de Vincenzo Pizzi, Dora Furino, estime que la première victime de cette histoire est son mari. «Depuis notre arrivée, ç'a été du harcèlement, de l'intimidation et de la provocation, a-t-elle dit lors d'un entretien téléphonique. On sortait pour aller chercher notre courrier et on nous disait: "Ferme la porte, ça sent la marde".»

Dans les derniers jours, Dora Furino s'est fait crever les pneus de sa Honda Civic dans son entrée. «C'est eux qui l'ont fait, c'est sûr», a-t-elle soupiré.

Selon Mme Furino, la tension était telle que son mari et elle ont décidé de mettre leur maison en vente l'été dernier. Ils n'ont toujours pas trouvé preneur.