Le Service de police de la Ville de Montréal (SPVM) a mené jeudi une vaste opération visant à démanteler un réseau de trafiquants de stupéfiants qui opéreraient dans une douzaine de cafés italiens du nord-est de la métropole.

Selon nos sources, la frappe policière avait aussi pour but de mettre de la pression sur les clans italiens impliqués dans la vague d'incendies criminels. La police souhaite signifier qu'elle ne tolérera pas des attentats semblables sur son territoire.

L'opération a débuté tôt jeudi matin. Au total, la police a frappé dans une vingtaine d'endroits différents, dont 12 débits de boissons. Onze personnes ont été arrêtées, dont la tête dirigeante du groupe, soupçonnée d'entretenir des liens avec la mafia italienne.

De l'héroïne, pour une valeur de 10 000$ sur le marché de la drogue, a été saisie. Des quantités «appréciables» de cocaïne ont également été confisquées.

Les suspects devraient faire face aujourd'hui à des accusations de possession de drogue en vue d'en faire le trafic et d'accusations en vertu de la Loi sur les infractions en matière de boissons alcooliques.

Mis à part le café Foggia, aucun des commerces visités n'avait été la cible d'un incendie criminel, a indiqué le commandant Denis Mainville du SPVM.

S'il confirme que l'opération visait notamment à stopper la vague d'incendies criminels qui sévit à Montréal, M. Mainville n'a pas clairement indiqué le lien avec les endroits visités.

«Les gens qui fréquentent ces endroits-là sont des gens qui fréquentent d'autres cafés et qui entretiennent des liens criminels avec d'autres factions», a seulement répondu M. Mainville en point de presse. Cette opération va nous «aider à comprendre qui est à l'origine de quels mouvements».

Histoires de clans

Il y a quelques semaines, le SPVM a déclaré que la vague d'incendies criminels contre des cafés italiens découlerait d'une lutte entre clans italiens pour le contrôle du trafic de stupéfiants. Depuis le mois d'août, 19 commerces italiens ont été la cible d'incendies criminels. Selon la police, des activités illégales se seraient déroulées dans la majorité des commerces incendiés.

M. Mainville a été prudent avant de lier les endroits visités et les suspects à un groupe en particulier.

«On parle souvent des clans siciliens et calabrais de la mafia italienne. Nous avons observé beaucoup de va-et-vient de ces deux clans à l'intérieur même des différents cafés. C'est difficile de vous dire exactement si les établissements sont associés à un clan ou un autre. On sait que ces cafés avaient beaucoup plus de visites du côté sicilien, mais on se garde une petite gêne, car il y a beaucoup de permutations entre ces factions présentement.»

La frappe a été menée en collaboration avec la Gendarmerie royale du Canada et la Sûreté du Québec.

Vers 13h, les policiers ont fait irruption au café Mustang, à l'angle des boulevards Rosemont et Saint-Michel, a constaté La Presse. «Ils font bien de faire le ménage ici», a dit une résidante du secteur avant de s'engouffrer dans un autobus.

L'opération a également visé le café Jean-Talon, à Saint-Léonard, considéré comme le quartier général des opérations. Le café Foggia, avenue André-Ampère, à Rivière-des-Prairies, a aussi reçu la visite des autorités.

En novembre 2009, le café bar Ferrari, situé à peine 200 mètres plus loin avait été la cible d'un cocktail Molotov. Les propriétaires n'ont pas rouvert depuis.