Les victimes des frères présumés pédophiles de la Congrégation Sainte-Croix ont amendé et élargi hier la demande de recours collectif déposée contre le Collège Notre-Dame: les frères ont non seulement sévi au Collège Notre-Dame, à Montréal, de 1960 à 2001, mais aussi au Collège de Saint-Césaire, de 1960 à 1991.



 

Deux anciens élèves des pères Sainte-Croix ont décidé de se joindre à René Cornellier Sr, dont le fils a été victime de sévices sexuels à Notre-Dame, par le personnel laïc et religieux. « Tout cela démontre que pendant plusieurs années au Québec, au lieu de régler le cancer des prêtres pédophiles, on se contentait de le déplacer », dit le directeur de l'association des victimes de prêtres pédophiles, Carlo Tarini.

C'est un reportage de l'émission Enquête, diffusé le 30 septembre dernier à la télévision de Radio-Canada, qui a inspiré ces deux anciens élèves, dont l'identité n'est pas rendue publique, à se joindre au recours entrepris par M. Cornellier. Ils sont loin d'être les seuls, selon l'avocat des victimes, Me Gilles Gareau. « Depuis l'émission, c'est ahurissant le nombre d'appels que j'ai reçus », dit-il.

M. Cornellier a entamé des démarches contre le Collège Notre-Dame et la Congrégation Sainte-Croix après avoir appris, par une journaliste de The Gazette, que son fils, René Cornellier Jr, a été victime de sévices au sein de l'établissement privé de Montréal. Il demande notamment aujourd'hui que les frais qu'il a payés pour sa scolarité soient remboursés.

« Quand on a su la nouvelle, ça a été un choc terrible. Mon père s'est senti coupable et responsable, et moi-même, qui suis allé pendant cinq ans à Notre-Dame, je n'ai rien vu. Je me sens une certaine responsabilité mais on ne pouvait pas savoir, car ça se faisait en cachette », dit le frère de René Cornellier Jr, Robert Cornellier.

René Cornellier Jr a demandé, dans des lettres adressées à la Congrégation dans les années 90, réparation pour ce qu'il a vécu, faute de quoi, il rendrait l'affaire publique. Mais René Cornellier Jr est mort sans cette reconnaissance. «C'est pour ça qu'on a décidé de parler, ne serait-ce que pour respecter sa mémoire et son voeu», dit Robert Cornellier.

D'autres victimes pourraient se joindre à un recours collectif s'il était autorisé, croit Robert Cornellier. «On est dans la pointe de l'iceberg. Les gens nous appellent beaucoup, mais certains ne sentent pas prêts à aller plus loin. C'est un cheminement très long, dit-il. Quand on a découvert l'histoire de mon frère il y a deux ans, je ne savais pas dans quoi on s'embarquait. Je ne pensais pas entendre autant d'histoires odieuses.»

La demande de recours collectif sera examinée en février prochain. S'il est autorisé, un recours collectif serait un événement historique, croit M. Tarini. «Les communautés religieuses se défendent sans limites, car elles ont beaucoup à perdre, dit-il. On a bien hâte d'entendre quelle sera leur ligne de défense car cela va être difficile de plaider que plusieurs centaines de personnes ont rêvé ça. »