Nouvel indice indiquant que cela joue dur dans l'industrie de la construction: l'homme d'affaires Marc Saulnier, qui a déjà eu deux Hells Angels comme associés, est soupçonné d'avoir infligé des voies de fait graves à l'un de ses concurrents de la couronne nord de Montréal.

L'agression aurait eu lieu lors du plus récent gala de boxe au Centre Bell, dont le combat principal opposait le Montréalais Lucian Bute et l'Américain Jesse Brinkley, le 15 octobre dernier, a appris La Presse. Marc Saulnier aurait asséné un coup de poing en plein visage de Patrick Major, alors que tous deux étaient spectateurs du gala. La victime alléguée aurait été totalement prise de court.

 

Des policiers, présents au gala de boxe ce soir-là, ont arrêté Marc Saulnier sur-le-champ. L'homme d'affaires de 33 ans aurait ainsi voulu passer un message à l'un de ses concurrents afin qu'il cesse de chercher à obtenir des contrats sur un territoire qu'il estime être le sien.

Marc Saulnier est un acteur important de l'industrie de la construction dans Lanaudière. Il est notamment président et actionnaire majoritaire de Coffrages Marc Saulnier, une entreprise spécialisée dans les structures de béton située à Lavaltrie. Sa présumée victime, Patrick Major, est l'un de ses rivaux dans le domaine sur la couronne Nord de Montréal.

À la suite d'une enquête menée à la fin de 2006, La Presse avait révélé les liens d'affaires entre Marc Saulnier et les Hells Angels Mario Brouillette et David Rouleau. Membre influent du chapitre de Trois-Rivières, Brouillette venait alors d'être écarté de l'entreprise à la suite de son arrestation, tandis que Rouleau, porte-couleurs des Hells de Sherbrooke, était un partenaire.

Rouleau et Brouillette ont été arrêtés dans l'opération SharQc, cette vaste opération policière qui a porté un dur coup aux motards criminels au Québec en 2009. Cette année-là, on a appris que Marc Saulnier avait exécuté des travaux de fondation du futur quartier général de la Sûreté du Québec, à Mascouche.

La Société immobilière du Québec (SIQ), responsable du projet et propriétaire du bâtiment, avait attribué le contrat à l'entreprise Les Coffrages Magma à la suite d'un appel d'offres tout ce qu'il y a de plus régulier, mais l'entrepreneur désigné l'avait cédé en sous-traitance à l'entreprise de Marc Saulnier. C'est ainsi que, n'étant pas le soumissionnaire, l'entreprise de Saulnier avait échappé aux vérifications d'usage. Seule Les Coffrages Magma avait fait l'objet d'une «habilitation sécuritaire» (enquête de sécurité), avait indiqué à l'époque un porte-parole de la SIQ.

Marc Saulnier n'était pas présent au palais de justice de Montréal, hier. L'homme de 33 ans était représenté par une stagiaire de l'avocat Jean-Daniel Debkoski. Cette dernière n'a pas voulu faire de commentaires à La Presse, précisant qu'elle venait de recevoir la preuve retenue contre son client. Saulnier a été formellement inculpé d'un chef d'accusation de voies de fait graves. Hormis une condamnation mineure pour voies de fait, son casier judiciaire est vierge. Il doit revenir en cour le 17 janvier.