La deuxième vague d'incendies criminels contre des commerces italiens de la métropole ne serait pas entièrement liée au crime organisé, soupçonne le Service de police de la Ville de Montréal (SPVM). Celui-ci sollicite d'ailleurs l'aide du public afin d'arrêter les coupables.

Depuis le mois d'août, 11 commerces ont été la cible d'incendiaires, en majorité des cafés italiens et des pizzérias. Ces incendies ont tous été engendrés par des cocktails Molotov ou à la suite d'un déversement d'essence. De septembre 2009 à janvier 2010, une première vague d'attentats similaires avait fait brûler 18 commerces italiens. Neuf personnes avaient d'ailleurs été arrêtées en lien avec ces délits.

Selon Mario Lamothe, chef de la division des crimes économiques et de la propriété au SPVM, il n'existe pas de preuve à l'effet que tous ces crimes découleraient d'un conflit entre les clans sicilien et calabrais de la mafia montréalaise, contrairement à la théorie qui circule.

«Un cocktail Molotov n'est pas une signature, c'est une méthode qui n'est pas sophistiquée et qui est accessible à tous, explique-t-il. Lorsque je regarde ces crimes un par un, les modus operandi, le background des suspects, les sortes de véhicules dans lesquels ils ont pris la fuite... le seul lien qui les unit, c'est le fait que ce sont des commerces qui ont brûlé.»

Selon le SPVM, certains crimes pourraient être liés à des réclamations d'assurances. D'autres semblent être des règlements de comptes liés au crime organisé. La théorie que certains commerçants aient commandé les incendies pour brouiller les cartes au sujet de leur allégeance à un groupe criminel est également étudiée.

La police manque toutefois de preuves pour poursuivre ses arrestations. C'est pourquoi elle a lancé le projet Impact, dans le cadre duquel les citoyens qui possèdent des renseignements sont invités à appeler la ligne Info-Crime de façon confidentielle. Des policiers et des pompiers ont également commencé à faire la tournée des commerçants du nord et de l'est de la ville afin de recueillir des renseignements et pour s'assurer que leurs bâtiments répondent aux normes de sécurité en cas d'incendie.

«En ce moment, il y a une perception au sein du public que la ville brûle. Ce n'est pas le cas, mais malheureusement, ça a un impact sur le sentiment de sécurité, déplore M. Lamothe. Je veux surtout rassurer les gens et demander à ceux qui ont de l'information de nous faire confiance.»