Le cyberprédateur Daniel Lesiewicz utilisait différentes identités sur l'internet pour leurrer de très jeunes filles, qu'il amenait à se dévêtir pour donner des spectacles érotiques devant leur webcam. Même si seulement 25 d'entre elles ont été identifiées, il avait des images de 200 jeunes filles dans son ordinateur.  



C'est ce qu'on a appris, mercredi, au cours des plaidoiries sur la peine à infliger à M. Lesiewicz. Détenu depuis deux ans et demi en lien avec cette affaire, l'homme de 30 ans est arrivé dans le box des accusés coiffé à la mode et tiré à quatre épingles, mercredi. Au mois de mars dernier, il a plaidé coupable à 91 accusations liées à la pornographie et à l'extorsion sur le web, crimes survenus entre 2006 et 2008.

Mercredi, la procureure de la Couronne Cynthia Gyenizse a expliqué que, parmi les 25 victimes identifiées, l'une avait 13 ans, trois étaient âgées de 14 ans, deux de 15 ans, 10 de 16 ans, 5 de 17 ans... L'homme avait ciblé certaines d'entre elles sur le site moncharme.com, et d'autres par des listes de contacts.

Il se présentait tantôt comme un pirate informatique, tantôt comme un bon Samaritain, ou encore il prenait l'identité d'une jeune fille. De fil en aiguille, il exigeait plus de ses victimes et menaçait de diffuser le matériel qu'il avait déjà si elles ne se pliaient pas à ses désirs. Il l'a d'ailleurs fait à plusieurs reprises.

L'une des victimes, qui avait 17 ans quand elle est tombée dans le piège, a raconté comment cela avait empoisonné sa vie. Il y a trois ans, elle a accepté une fois de se dévêtir devant sa webcam. Le lendemain, l'accusé lui a demandé de le refaire. Elle a refusé, et les menaces de diffuser la première vidéo ont commencé.

Elles ont duré de trois semaines à un mois. «C'est une peur que je ne peux décrire», a raconté la jeune fille en pleurant, mercredi. Elle restait scotchée à son ordinateur de peur que l'accusé ne mette sa menace à exécution, se souvient-elle. Finalement, il l'a fait et a poussé la méchanceté jusqu'à envoyer le lien à sa victime. Il l'a aussi envoyé au frère de la jeune fille et à des personnes de sa liste de contacts. Anéantie, elle a abandonné le cégep. «C'était la fin du monde, c'était la fin de ma vie», a-t-elle raconté avec grande émotion. Elle se dit maintenant habitée d'une insécurité perpétuelle.

Toujours à l'ordinateur

En examinant l'ordinateur de l'accusé, les policiers ont trouvé des fichiers dans lesquels il avait classé différents renseignements sur ses victimes, par exemple ce qu'elles croyaient à son égard, les réactions qu'elles avaient eues, etc. Me Gyenizse a signalé que l'accusé réussissait également à contrôler à distance l'ordinateur de certaines victimes. Il habitait chez ses parents mais passait son temps dans sa chambre, devant son ordinateur. L'accusé, qui a la double nationalité américaine et canadienne, aurait été initié à la cyberpornographie alors qu'il vivait aux États-Unis.

Les plaidoiries se poursuivront le 23 novembre devant la juge Suzanne Coupal. L'accusé est défendu par Me Luc Vaillancourt.