Les Forces canadiennes ont indiqué qu'elles n'allaient pas changer la façon dont elles traitent les informations personnelles de leur personnel, même après qu'il eut été révélé que Russell Williams avait abusé de son autorité militaire pour cibler l'une de ses victimes.

Au cours des quatre jours de présentation de la preuve et de témoignages déchirants des victimes de Williams, la cour a appris que le meurtrier - alors qu'il était commandant de la base aérienne de Trenton, en Ontario - avait utilisé son autorité pour prendre connaissance de l'horaire et de l'adresse de la caporale Marie-France Comeau.

Williams, qui a été dépouillé de son rang vendredi, a utilisé cette information pour pénétrer chez elle, où il l'a battue et violée à répétition, avant de la tuer.

L'homme a été condamné jeudi à deux peines concurrentes de prison à vie pour les meurtres sadiques et sexuels de Mme Comeau et de Jessica Lloyd.

Lorsque questionné le même jour à savoir si les crimes de Williams pousseraient l'armée à repenser sa politique sur les informations personnelles, le chef d'état-major de l'armée de l'air a déclaré que les commandants continueraient d'avoir accès aux informations de leurs subalternes.

Le lieutenant-général André Deschamps a indiqué qu'étant ultimement responsable des gens sous leurs ordres, le commandant a besoin d'accéder à ces informations lorsque nécessaire.

Une porte-parole de la commissaire à la vie privée a souligné que le ministère de la Défense était soumis à la Loi sur la protection des renseignements personnels, mais a ajouté que la commissaire entendait effectuer un suivi avec la Défense sur cette question.

Le lieutenant-général Deschamps a précisé que l'armée avait examiné avec attention le dossier de Williams, en plus de discuter avec des criminologues et d'autres experts, et a indiqué que personne n'avait manqué de signes avant-coureurs.

David Zweig, professeur en ressources humaines à l'Université de Toronto a déclaré que l'affaire Williams soulevait des questions fondamentales sur l'information auxquelles les employeurs devraient avoir accès.

Les organisations, incluant l'armée, devraient s'assurer que la plupart des informations personnelles soient dans un endroit sécuritaire où pourraient uniquement accéder les responsables des ressources humaines, a-t-il dit.

Seules les informations de contact et les horaires de travail devraient être directement accessibles aux gestionnaires, a dit M. Zweig tout en avouant que cette mesure de sécurité n'aurait pas été suffisante pour protéger Mme Comeau.

«Il n'y a aucune méthode pour mettre en sécurité toutes les informations, mais le fait de mettre en place des garde-fous et de forcer quelqu'un à déposer une demande auprès des ressources humaines pourrait leur faire penser à deux fois avant d'abuser de leur privilège d'accès à l'information», a déclaré M. Zweig.