Le meurtrier Russell Williams s'est vu retirer son grade de colonel et a été expulsé de l'armée - une réaction vive et décisive de la part de l'institution embarrassée qui l'a déjà considéré comme une étoile montante.

Des sources au ministère de la Défense ont déclaré que le gouverneur général David Johnston avait donné son accord vendredi à la demande inusitée du chef d'état-major pour destituer Williams et le démobiliser immédiatement des Forces canadiennes.

Ce dernier a été condamné jeudi à deux peines concurrentes de prison à perpétuité sans possibilité de libération conditionnelle avant 25 ans après avoir plaidé coupable à deux accusations de meurtre prémédité.

Il a également été reconnu coupable de dizaines d'autres accusations, incluant des agressions sexuelles.

Plusieurs centaines de personnes se sont réunies vendredi à Belleville, en Ontario, au lendemain de la condamnation de Williams. Certains ont pris leur voisin dans leurs bras ou se sont tenu les mains, tandis que d'autres refoulaient des larmes ou priaient, avant de repartir, sourire aux lèvres.

Andy Lloyd, le frère d'une des victimes de meurtre, était parmi les orateurs. Les organisateurs ont planifié le rassemblement pour aider à soulager les esprits des habitants après trois jours de témoignages concernant les actes de l'ancien commandant de la base aérienne de Trenton.

Le groupe était composé de citoyens, mais aussi de policiers et de pompiers. Le square où s'est tenu le rassemblement n'est qu'à un coin de rue du tribunal où Williams a reçu sa sentence jeudi.

Plus tôt cette semaine, les Forces canadiennes avaient indiqué qu'elles avaient entamé le long procédé pour radier l'ancien pilote de l'armée de l'air. Mais, face à l'opprobre publique concernant les odieux crimes sexuels et les images de l'ancien poulain de l'armée paradant dans des sous-vêtements féminins, le général Walt Natynczyk a précipité l'expulsion, avec l'accord du gouvernement conservateur.

«M. Williams a commis des crimes horribles contre des citoyens que les Forces armées canadiennes ont juré de protéger, et il n'est pas digne de prêter serment de servir les Canadiens en tant qu'officier militaire», a déclaré vendredi le ministre de la Défense, Peter MacKay.

L'armée - plus particulièrement l'aviation - s'est douloureusement distancée des crimes sordides d'un homme autrefois aux commandes de la plus grande base aérienne du pays.

Le commandant de l'armée de l'air, le lieutenant-général André Deschamps, a lancé jeudi à des reporters réunis à la base de Trenton qu'ils devaient cesser de faire référence à Williams en tant que colonel, puisqu'il avait été reconnu coupable et condamné. Mais un expert en droit militaire a précisé que Williams était encore colonel jusqu'à ce que le gouverneur général signe les ordres, et que le lieutenant-général Deschamps était sorti du cadre dans sa tentative de limiter les dégâts.

Le colonel à la retraite Michel Drapeau a déclaré qu'il «n'avait jamais rien vu de pareil».

«Vous ne pouvez pas envoyer un édit qui dit que tout le monde va oublier et que tout le monde va être content», a-t-il ajouté.

M. Drapeau a ajouté que l'affaire Williams allait renforcer la «vision moins qu'avantageuse» que certains ont de l'armée.