La compagne de Hossein Derakhshan, le blogueur irano-canadien condamné à 19 ans de prison par Téhéran au mois de septembre, n'a pas caché son soulagement après que Paris et Ottawa eurent demandé sa libération dans une déclaration commune, mercredi.



«Je dis enfin et je dis merci, dit Sandrine Murcia, jointe hier en France. C'est une prise de position très forte, qui reconnaît que c'est une situation inacceptable et qu'il faut le sortir de prison. C'est un signal très fort. Je suis très émue de voir qu'on considère son cas, qu'on ne l'oublie pas.»

Hossein Derakhshan, 35 ans, considéré comme le «père du blogue iranien», a été reconnu coupable de collaboration avec des «États ennemis» et de «propagande contre le système islamique», selon un site conservateur iranien. Le jeune homme, qui a la citoyenneté canadienne, a été arrêté en novembre 2008 après s'être notamment rendu en Israël, ce qu'interdit la loi iranienne, en utilisant son passeport canadien.

Une priorité

«Les gouvernements du Canada et de la France sont très préoccupés par le fait que Hossein Derakhshan continue à être détenu en isolement en Iran au mépris des droits fondamentaux. Son cas, qui constitue une atteinte à la liberté d'expression et d'information, est une priorité pour nos deux gouvernements», ont dit, dans une déclaration commune, Lawrence Cannon et Bernard Kouchner, les chefs de la diplomatie canadienne et française.

Le cas de Hossein Derakhshan était relativement méconnu jusqu'à ce que sa compagne, qui est française, entame une campagne de sensibilisation au cours de laquelle on a critiqué l'inaction d'Ottawa. «C'était le sens de la mobilisation, de dire aux autorités canadiennes qu'il fallait bouger», dit Sandrine Murcia.

Depuis deux ans, la jeune femme est privée de contact avec Hossein Derakhshan, enfermé à la prison d'Evin, à Téhéran, où la photographe montréalaise Zahra Kazemi a été tuée en 2003. Sa famille n'a quant à elle que de rares contacts avec lui. «Ils lui disent qu'on pense à lui et qu'on le soutient. C'est important.»

La famille a interjeté appel de la condamnation du jeune homme, mais Sandrine Murcia espère que les efforts diplomatiques du Canada et de la France porteront leurs fruits. «Je suis optimiste par nature et je vois une progression en ce moment. Son cas est sur la table, mais le temps diplomatique est long. Je ne veux pas croire qu'il va passer 20 ans en prison», dit-elle.