La mort de Nouténé Sidimé, cette jeune fille de 13 ans de Longueuil dont le père est soupçonné de l'avoir giflée, ne serait qu'un «tragique acccident», selon la défense.

Inculpé de voies de fait graves, Moussa Sidimé, 71 ans, était de retour en cour ce matin au palais de justice de Longueuil pour subir son enquête sur mise en liberté. Aucune nouvelle accusation n'a encore été déposée contre lui à la suite du décès de sa fille survenue le 9 octobre dernier, soit trois jours après que l'accusé s'en soit possiblement pris à elle.

Les enquêteurs de la police de Longueuil ont remis de la nouvelle preuve, dont des rapports médicaux, aux deux parties ce matin. La Couronne et la défense ont demandé conjointement un report de l'audience pour prendre le temps d'étudier cette preuve.

«Si vous me demandez mon impression aujourd'hui, c'est qu'il n'y aura pas de nouvelle accusation contre mon client. Ma théorie est qu'il s'agit d'un tragique accident», a dit aux médias Me Marie-Josée Duhaime, avocate de M. Sidimé, en marge de la comparution.

Si les enquêteurs avaient eu des éléments de preuve contre son client pour justifier le dépôt d'une accusation plus grave tel un meurtre non-prémédité ou un homicide involontaire, ils l'auraient déjà dévoilé, estime l'avocate de défense.

Le 6 octobre dernier, Moussa Sidimé aurait alerté les secours pour dire que sa fille gisait inconsciente sur le plancher de son appartement, le nez en sang. Selon la police de Longueuil, il aurait indiqué avoir giflé sa fille. L'adolescente a immédiatement été transportée à l'Hôpital de Montréal pour enfants, où elle est morte trois jours plus tard. La Couronne a alors accusé Moussa Sidimé de voies de fait graves.

La représentante de la poursuite, Me Julie Laborde, attend toujours les résultats de l'autopsie avant de décider si elle portera d'autres accusations contre l'homme de 71 ans. Les rapports médicaux déposés ce matin n'ont rien à voir avec l'autopsie, a précisé la Couronne. «Une enquête de police n'est pas nécessairement simple à mener et tout est arrivé très vite dans ce dossier», a dit Me Laborde pour expliquer les délais dans cette cause.

«Ce dossier n'est ni noir ni blanc», a ajouté l'avocate de défense. Le premier pathologiste à s'être penché sur le dossier n'aurait rien trouvé de particulier, toujours selon l'avocate de défense, Me Duhaime, qui a consulté la preuve. Le pathologiste aurait commandé une expertise supplémentaire au laboratoire médico-légal.

L'enquête sur mise en liberté a ainsi été reportée à lundi. La défense entend faire témoigner la femme de l'accusé, qui est aussi la mère de la victime, ainsi que deux de ses fils, dont l'un est ingénieur à Chicago. La famille Sidimé est originaire de la Guinée. Certains témoins auront besoin d'un interprète qui parle le malinké, une langue utilisée en Guinée, au moment de leur témoignage.

Moussa Sidimé aurait déjà enseigné à l'Université Laval en plus de travailler comme architecte à des projets d'infrastructures en Afrique du Nord et à la Banque africaine de développement, selon sa famille. Une dizaine de membres de la famille s'étaient déplacés ce matin pour assister à la comparution de l'homme de 71 ans.

Copie de photo: François Roy, La Presse

Nouténé Sidime