Six jours avant d'être assassinée, Marie Altagracia Dorval avait porté plainte contre son ex-conjoint pour harcèlement et violence. La police de Montréal assure avoir traité le dossier en priorité, mais des intervenants se questionnent à ce sujet.

Marie Altagracia Dorval, 28 ans, a été poignardée à mort dans la nuit de samedi à dimanche dans son appartement de Montréal-Nord. Son ex-conjoint, Edens Kenol, 34 ans, a été accusé de meurtre prémédité, lundi, au palais de justice de Montréal.

Le Service de police de la Ville de Montréal (SPVM) a confirmé hier que la victime avait alerté la police le 11 octobre. Deux agents étaient venus la rencontrer chez sa cousine, à Saint-Léonard, où elle s'était réfugiée.

«Elle a fait une plainte officielle contre son ex-conjoint en disant qu'il la harcelait depuis des semaines, a dit Sylvain Brouillette, directeur adjoint de la région Est. Elle leur a également parlé d'un incident de violence conjugale survenu au mois d'août.»

Sylvain Brouillette assure que les agents ont suivi à la lettre le protocole en matière de violence conjugale. Après avoir pris la déposition de la jeune femme, ils ont envoyé leur rapport au CLSC et confié le dossier aux enquêteurs de la région Est.

L'enquête a été entamée le 13 octobre, a-t-il précisé. Les enquêteurs ont-ils rencontré la plaignante? Ont-ils tenté de trouver l'ex-conjoint pour l'arrêter? M. Brouillette n'était pas en mesure de répondre à ces questions, hier, parce que, a-t-il dit, il n'avait pu joindre les enquêteurs chargés du dossier.

«Je peux vous dire que le dossier a été traité en priorité et qu'il n'y a aucune liste d'attente pour les cas de violence conjugale, a-t-il dit. Malheureusement, l'événement s'est produit seulement quatre jours plus tard.»

Des questions

La police a peut-être respecté son protocole, admet Manon Monastesse, directrice de la Fédération de ressources d'hébergement pour femmes violentées et en difficulté du Québec. Mais, six jours après avoir porté plainte, la victime était seule chez elle et son ex n'avait toujours pas été arrêté.

En principe, la police est tenue de parler des services d'hébergement aux victimes, qui peuvent en tout temps appeler «SOS Violence conjugale» et obtenir une aide immédiate pour se reloger.

«Si le policier avait été bien formé, il lui aurait proposé fortement de rester avec sa cousine ou d'aller en centre d'hébergement le temps que la police fasse son enquête», dit Manon Monastesse. Marie Altagracia Dorval était en instance de divorce, une période critique pour les femmes victimes de violence.

Lundi, une autre Québécoise en instance de divorce a été assassinée à Saint-Mathias-sur-Richelieu, en Montérégie (voir autre texte). Le corps de la femme de 37 ans a été découvert en soirée dans un village du Bas-Saint-Laurent. Elle aurait été étranglée.