Les menaces de mort qu'aurait diffusées David Abitbol sur l'internet ciblaient au moins deux enseignantes et un ancien camarade de classe. Par ailleurs, il aurait confié à plusieurs personnes qu'il voyait «des lutins» depuis un certain temps.

C'est du moins ce qu'a affirmé mercredi au juge Robert Marchi l'agent Mathieu Boulianne, de la Sûreté du Québec, à l'enquête sur la mise en liberté de David Abitbol.

Le Montréalais de 28 ans a été accusé le 2 octobre d'avoir proféré des menaces de mort contre d'anciennes connaissances. La Couronne, qui s'oppose à sa mise en liberté, a appelé l'enquêteur à témoigner.

Abitbol a tenu ses propos menaçants dans des clavardages avec un certain Alain Diamond, ancienne connaissance de l'école primaire, sur les sites Facebook et MSN. La Presse a publié des extraits de ces échanges samedi dernier.

On a appris que David Abitbol ciblait deux enseignantes, l'une à l'école primaire René-Guénette, à Montréal-Nord, et l'autre à l'école secondaire Calixa-Lavallée. «C'est une crisse de chienne, écrit-il en parlant de cette dernière. Must die.» Abitbol écrit aussi qu'un ancien camarade de l'école primaire «mérite d'avoir une balle dans la tête» parce qu'il ne voulait plus être son ami.

Assise dans la première rangée de la salle, la mère de l'accusé, Michèle Abitbol, fermait les yeux et secouait parfois la tête lorsque l'enquêteur lisait les passages incriminants.

Des lutins

Par ailleurs, au cours de cette conversation, David Abitbol raconte une soirée où il dit avoir consommé de la drogue avec des amis. C'est alors, écrit-il, qu'il a vu «des lutins» pour la première fois.

«Depuis ce temps-là, de temps en temps, je vois des lutins, écrit-il. C'est pour ça que je me suis acheté un .12. Pour les tuer s'ils m'attaquent. (...) Ils sont réels. Je suis sûr que ça existe.»

David Abitbol raconte avoir vu une «rangée de lutins» en allant au magasin Zellers, l'hiver dernier. En s'enfuyant, il dit en avoir aperçu un autre dans le parc, puis encore un autre dans une succursale de la SAQ.

À la suite de la médiatisation de son cas, trois anciens collègues d'Abitbol ont appelé les policiers pour leur faire part des comportements étranges dont ils avaient été témoins.

Un chef d'équipe a raconté que, un jour, alors que des interférences troublaient le son de la radio, David Abitbol a dit: «J'espère que ce n'est pas les mêmes lutins qui m'ont suivi, parce que je démissionne.»

Les enquêteurs auraient trouvé dans l'ordinateur de l'accusé deux autres conversations sur MSN dans lesquels il parle de lutins. Selon la SQ, il se serait aussi vanté sur MSN de s'être promené avec une arme à feu chargée.

On a aussi appris que, au moment de la perquisition chez Abitbol, les policiers ont trouvé une arme à feu sous son matelas. Elle n'était toutefois pas chargée.

La Couronne a demandé une évaluation psychosociale de l'accusé, qui a été jugé apte à subir un procès.

Pornographie juvénile

David Abitbol a en outre été formellement accusé de possession de pornographie juvénile. Les policiers ont trouvé dans son ordinateur deux séries de 100 et de 150 photos de deux filles d'âge prépubère.

En analysant son ordinateur, les policiers ont également découvert qu'il possédait deux comptes sur le site MSN: l'un sous le pseudonyme de «Darkiller» et l'autre sous le nom de «Mélissa 55». L'accusé se serait servi de ce dernier pour converser avec des filles, selon la SQ. L'enquête se poursuit.

David Abitbol sera de retour devant le juge aujourd'hui pour la suite de l'enquête sur sa mise en liberté. Ses parents doivent témoigner, a annoncé l'avocat de la défense, Charles Benmouyal.