Un infirmier auxiliaire de l'hôpital Notre-Dame, Timothy-John Molnar, est accusé d'avoir agressé sexuellement une patiente de 46 ans, hospitalisée en neurochirurgie après d'importantes interventions au cerveau.

Détenu depuis sa comparution, le 7 octobre dernier, l'homme de 50 ans a comparu pour l'enquête sur sa mise en liberté, hier, au palais de justice de Montréal. La procureure de la Couronne, Rachel Pitre, s'est opposée à la libération de l'accusé, «qui risquait selon elle de «miner la confiance du public dans le système judiciaire». Me Pitre a insisté sur l'extrême vulnérabilité de la victime. Au moment des faits qu'on reproche à l'accusé, le soir du 28 juillet dernier, la patiente était inconsciente. Elle ne pouvait ni parler ni bouger, mais elle entendait et voyait, bien que son champ de vision ait été limité. Elle avait le cerveau à découvert parce que sa calotte crânienne n'avait pas encore été refermée. En outre, elle avait un bras attaché au lit parce que, par réflexe, elle était portée à toucher son cerveau, a expliqué Me Pitre.

Il semble que l'attitude de M. Molnar, qui rôdait souvent dans la chambre de cette patiente, ait éveillé les soupçons de plusieurs infirmières. Lors de sa pause repas, le soir du 28 juillet, une infirmière s'est cachée dans le placard de la chambre, juste devant le lit de la patiente.

À un certain moment, elle aurait vu son collègue entrer dans la chambre. Selon les explications fournies hier au juge Pierre Labelle, l'homme aurait d'abord fait couler l'eau du robinet pour ensuite se diriger vers le lit. Il aurait inséré une main dans la culotte de la patiente et se serait masturbé de l'autre main. Il serait ensuite sorti de la chambre, pour revenir presque aussitôt et recommencer son manège. Pétrifiée dans le placard, l'infirmière a attendu que l'homme ressorte pour quitter sa cachette. Elle a constaté qu'une débarbouillette recouvrait les yeux de la patiente.

L'infirmière a immédiatement signalé l'incident à sa chef de service, qui a alerté le contentieux de l'hôpital. Molnar, qui travaillait à l'hôpital Notre-Dame depuis un certain temps déjà, a été suspendu le lendemain de l'incident, puis congédié dans les jours suivants. Comme la patiente n'était pas en mesure de porter plainte, cela a posé quelques questions juridiques qui ont finalement été résolues, a expliqué la procureure, hier. La famille de la patiente a consenti à porter plainte. Au terme de l'enquête, Molnar a été arrêté chez lui le 6 octobre. Il n'aurait pas fait de déclaration, mais, quand l'enquêteur lui a demandé s'il y avait d'autres victimes, il aurait fait «non» de la tête.

Me Peter Morena, avocat de l'accusé, a fait valoir que son client n'a pas d'antécédents judiciaires et qu'il est prêt à respecter toutes les conditions que la Cour pourrait lui dicter, y compris un suivi psychologique. Le juge Labelle a mis l'affaire en délibéré et doit rendre sa décision ce matin.