Plus de deux ans après avoir arrêté Julien Leclerc, l'agent de la police de Montréal Dany Gagnon se rappelle très bien l'apparence du jeune homme de 21 ans. Ce n'est pas tous les jours qu'un policier arrête une personne qui porte un tatouage avec l'inscription «White Power», assez long pour couvrir tout un bras, en plus d'un t-shirt proclamant la suprématie de la race blanche.

Le policier a fait cette description détaillée, hier, à la seconde journée du procès de Julien Leclerc au palais de justice de Montréal. Leclerc est ce jeune homme soupçonné d'avoir commis deux agressions à caractère raciste, le même soir, au centre-ville de Montréal

La police a saisi un couteau encore taché de sang dans l'une de ses poches de jeans, a aussi révélé l'agent Gagnon. L'accusé s'est fait arrêter moins d'une demi-heure après la seconde agression.

Son complice allégué, qui était âgé de 17 ans au moment des faits, a été condamné pour les mêmes crimes en Chambre de la jeunesse il y a plus d'un an déjà. Cette agression est «clairement un crime haineux, relié à l'origine ethnique», avait alors indiqué la juge.

Leclerc fait face à quatre chefs d'accusation de voies de fait graves, de voies de fait et de méfait commis sur un taxi. Vers 1h30 le 24 août 2008, l'accusé se promenait avec son présumé complice mineur et une jeune femme, rue Sainte-Catherine, quand ils ont croisé un groupe de jeunes d'origine arabe. Leclerc et son complice allégué se seraient mis à les insulter, puis à les poignarder sans raison apparente.

L'une des victimes, Moussa Daoui, a subi trois graves lacérations à la tête qui ont exigé une cinquantaine de points de suture. Daoui devait témoigner, hier, mais la Couronne s'est rendu compte que son témoin était détenu à Rivière-des-Prairies pour une histoire qui n'a pas été révélée en cour, mais qui n'aurait rien à voir avec l'agression du mois d'août 2008. Il devrait témoigner aujourd'hui.

Après l'agression, le trio aurait ensuite sauté dans un taxi. Leclerc et son présumé complice mineur auraient alors continué à déverser leur rage sur le chauffeur - qui était noir - en l'insultant et en lui donnant des coups de poing.