Le Service de police de la Ville de Montréal (SPVM) enquête sur des agressions sexuelles qui auraient été commises par des membres du personnel du collège Notre-Dame dans les années 70, a appris La Presse.

Le SPVM n'a pas voulu confirmer l'information, hier, mais un ancien élève du collège, Jean-Marc Bélisle, a confirmé avoir rencontré les policiers jeudi dernier. Ils ont ouvert une enquête le jour même.

Un autre plaignant, Robert Cornellier, a lui aussi porté plainte au nom de son frère René, qui aurait été agressé alors qu'il était pensionnaire au milieu des années 70. René Cornellier est aujourd'hui décédé.

Selon nos sources, l'enquêteur du SPVM et le procureur de la Couronne entendent regarder attentivement un reportage qui sera diffusé ce soir à l'émission Enquête, à Radio-Canada. On y abordera les cas d'agressions sexuelles commises par des frères de la Congrégation des Sainte-Croix, qui ont longtemps assuré l'enseignement au collège Notre-Dame, une école secondaire privée du chemin Queen-Mary, à Montréal.

«Je ne sais pas si mon agresseur est encore en vie, mais je voulais aller au bout de ma démarche, a dit Jean-Marc Bélisle, 51 ans. Et j'espère que d'autres victimes vont faire comme moi.»

M. Bélisle dit avoir été agressé à l'âge de 12 ans, en 1972. Le surveillant du dortoir - un laïc - l'aurait fait venir dans son bureau pour le forcer à lui faire une fellation. À l'époque, Jean-Marc Bélisle n'a rien dit à ses parents, parce qu'il avait peur de ne pas être cru. «J'ai gardé ça pour moi, et ça m'a causé beaucoup de séquelles», a-t-il dit.

En 2005, le Lavallois a suivi une thérapie pour venir à bout de sa dépendance aux drogues. Trois ans plus tard, il a commencé à parler de son agression. Et aujourd'hui, il souhaite retourner aux études.

M. Bélisle n'est pas le premier à porter plainte contre un membre du personnel du collège Notre-Dame. En 2004, Claude Hurtubise, ancien professeur de mathématiques, a été accusé d'avoir attenté à la pudeur de deux élèves dans les années 70. Il a été acquitté en vertu du principe de la présomption d'innocence : c'était sa parole contre celles des plaignants.

En mars 2009, Robert Cornellier a déposé une demande en recours collectif contre la Congrégation des frères de Sainte-Croix au nom des victimes du collège Notre-Dame. Elle sera entendue les 13 et 14 décembre prochains.