L'auteur de la sauvage agression survenue au bistro Aux Derniers Humains, Laurent-Charles Lévesque, a récemment été déclaré coupable, mais non criminellement responsable pour cause de troubles mentaux.

Cette décision inquiète l'une des victimes, aussi propriétaire de l'établissement, Martine Girardi. «C'était terrible. Toute cette violence, tout ce sang... J'avoue que je me sens désemparée à l'idée de le recroiser sur le trottoir. Je n'ai aucune idée du moment où il sortira de Pinel, surtout quand on sait que les hôpitaux manquent de lits», a-t-elle dit à La Presse en marge de l'audience.

Sans raison apparente, l'homme de 30 ans avait fait irruption dans ce café-bistro de la rue Saint-Denis et avait poignardé trois clients qui y étaient attablés. Cela s'est déroulé en plein jour, le 8 juillet dernier. Lévesque a d'abord été jugé apte à comparaître, et la défense a demandé une seconde évaluation, cette fois concernant la responsabilité criminelle de son client.

Dans un rapport produit en cour le 31 août dernier, le psychiatre Jacques Talbot, de l'institut Philippe-Pinel, a conclu que l'accusé n'était pas criminellement responsable des faits.

Trois habitués de l'établissement, âgés respectivement de 30, 54 et 74 ans, ont été blessés lors de l'incident. On a d'abord craint pour la vie du plus âgé, atteint au thorax. Il est aujourd'hui hors de danger. Il est même retourné au bistro depuis.

Mme Girardi est encore très ébranlée. «Je me sens indirectement responsable en tant que propriétaire, même si je sais que je n'y suis pour rien», a-t-elle dit.

La Couronne avait d'abord accusé Lévesque de tentatives de meurtre et d'agression armée. À la dernière audience, la poursuite a consenti à modifier deux chefs d'accusation de tentative de meurtre pour des chefs de voies de fait graves.

«Vous comprenez bien, M. Lévesque?» lui a demandé son avocate, Me Nathalie Pépin, alors qu'il venait de reconnaître sa culpabilité à ces accusations réduites devant la juge Céline Lamontagne. «Oui, c'est ce qu'on avait dit», a-t-il répondu avant de reprendre le chemin de l'hôpital psychiatrique.