Un homme sourd qui dit avoir été agressé physiquement et sexuellement par quatre clercs de Saint-Viateur alors qu'il était enfant a déposé hier une demande de recours collectif contre la communauté de Montréal et l'Institut Raymond-Dewar (autrefois appelé Institut des sourds de Montréal), auxquels il réclame à lui seul 600 000$.

Le requérant, Serge D'Arcy, demande aussi que tous les membres de son groupe obtiennent pour leur part 100 000$, en plus de sommes à déterminer selon les torts qu'ils ont personnellement subis.

La demande de recours collectif, déposée à la Cour supérieure, ne précise pas le nombre d'adultes potentiellement concernés, mais l'avocat de Serge d'Arcy, Pierre Boivin, a avancé en entrevue à La Presse qu'ils peuvent se compter «par dizaines, sinon par centaines».

La requête précise que Serge D'Arcy, aujourd'hui âgé de 54 ans, a été pensionnaire de 1964 à 1972. À l'âge de 9 ans, M. D'Arcy aurait commencé à être victime d'agressions sexuelles et physiques de la part de clercs de Saint-Viateur. La demande de recours collectif nomme quatre religieux qui l'auraient agressé en alternance jusqu'à ses 15 ans.

M. D'Arcy dit avoir été traumatisé par ces événements, qui l'auraient amené à s'isoler et à consommer alcool et drogues. Il dit avoir été incapable de trouver un emploi stable. Il aurait tenté de se suicider trois fois, sans compter le questionnement qui l'aurait longtemps tenaillé quant à son orientation sexuelle.

M. D'Arcy soutient dans les documents juridiques que sa difficulté à communiquer l'avait rendu vulnérable et incapable de faire valoir ses droits, jusqu'à ce que son meilleur ami lui confie, cet été, qu'il avait lui-même été agressé par des clercs de Saint-Viateur.

La demande de recours collectif avance que les agressions étaient systématiques et même organisées par les membres de la congrégation. M. D'Arcy se plaint aussi du fait que les autorités n'ont rien fait pour protéger les enfants dont ils avaient la charge alors même qu'ils avaient «l'autorité nécessaire afin de démettre les religieux» agresseurs.

Les clercs de Saint-Viateur et l'Institut Raymond-Dewar n'ont pas souhaité émettre de commentaire.