Les chefs de police du Canada ont réaffirmé leur appui au registre des armes d'épaule, et prévoient lancer une campagne pour s'assurer qu'il ne soit pas aboli.

Mais n'appelez pas cela du lobbying.

«Il y a certains aspects idéologiques et politiques rattachés à cet enjeu», a reconnu Bill Blair, président de l'Association canadienne des chefs de police et directeur du service de police de Toronto.

«Mais la communauté policière n'adopte aucune position partisane dans ce dossier.

«Ce n'est pas une question d'idéologie. C'est une question de sécurité publique, ce n'est qu'une question de sécurité publique.»

Lundi, les délégués au congrès de l'Association canadienne des chefs de police, tenu à Edmonton, ont très majoritairement voté en faveur du maintien du registre.

Ils ont aussi adopté une recommandation pour que les chefs de police et les policiers expliquent aux politiciens et à la population la valeur du registre des armes à feu. C'est là une tentative pour empêcher que le projet de loi privé prônant son abolition soit accepté.

Un projet de loi conservateur privé pour abolir le registre des armes d'épaule, soutenu par l'intégralité du gouvernement et appuyé par une dizaine de néo-démocrates et huit libéraux, a passé l'étape de la seconde lecture en Chambre au printemps dernier.

Néanmoins, une recommandation d'un comité visant à tuer ledit projet au feuilleton fera l'objet d'un vote aux Communes le 21 septembre prochain, le lendemain de la reprise de la session parlementaire.

M. Blair indique qu'ils feront également campagne auprès des politiciens abolitionnistes, car les autorités utilisent les données du registre environ 11 000 fois par jour à travers le Canada, afin d'enquêter et de prévenir les crimes.

Selon lui, à 4 millions $ par année, ce registre a sa raison d'être puisqu'il contribue à rendre les communautés plus sécuritaires.

«Lorsque nous acheminons cette information aux policiers et à leurs chefs, ils la comprennent, a-t-il dit. Et je crois que nous devrons faire le même travail avec les Canadiens.»

M. Blair a déclaré que la police tentera désormais de monter une campagne de relations publiques au cours des prochaines semaines pour obtenir un soutien accru du public en faveur du registre.

Il a cependant précisé que ce sera une campagne discrète, qui se fera principalement auprès de politiciens, de représentants de la population et de policiers. Des documents en faveur du maintien du registre des armes à feu seront aussi disponibles sur le site de l'association.

M. Blair a ajouté que les chefs de police avaient reçu la directive d'expliquer à leur communauté respective comment les policiers utilisaient ce registre et pourquoi ils souhaitent le conserver.

«Nous devons rejoindre nos communautés, a répété M. Blair. Nous devons engager un dialogue avec les gens.»

M. Blair admet toutefois que plusieurs sont opposés au registre, par principe. Mais il a indiqué que le registre des armes à feu pouvait être géré de manière à rendre tout le monde heureux.

«Je vous assure que la communauté policière est respectueuse envers les propriétaires d'arme à feu et qu'elle écoutera leurs préoccupations», a-t-il plaidé.

«Nous croyons que nous pouvons travailler de concert avec nos communautés et nos politiciens non seulement pour conserver nos outils de travail, mais pour s'assurer qu'ils fonctionnnent pour tous.»