Johra Kaleki, cette femme d'origine afghane accusée d'avoir tenté de tuer sa fille de 19 ans, a obtenu gain de cause en Cour supérieure, qui a accepté de la mettre en liberté, hier, pour la suite du processus judiciaire.

Assise dans le box entre deux agents des Services correctionnels, l'accusée de 38 ans a accueilli la nouvelle avec un évident soulagement. Elle a souri à son mari, qui se trouvait dans la première rangée de la salle, et elle lui a envoyé des baisers. L'homme a essuyé discrètement quelques larmes, puis il est parti sans faire de commentaires aux nombreux représentants des médias qui faisaient le pied de grue.

 

La décision du juge Vauclair vient renverser celle rendue il y a quelques semaines par le juge de la Cour du Québec Salvatore Mascia. Au terme d'une longue analyse, le juge Mascia avait refusé de mettre Mme Kaleki en liberté.

Un interdit de publication nous empêche de dévoiler les faits de la cause et les raisons invoquées par les deux juges. Disons simplement que la victime alléguée dans cette affaire, Bahar Ebrahimi, a témoigné devant le juge Vauclair, alors qu'elle ne l'a pas fait devant le juge Mascia.

Conditions à respecter

Avec la décision du juge Vauclair, Mme Kaleki est libre, mais elle doit cependant respecter certaines conditions, dont celle de demeurer chez une amie, et de ne pas se trouver physiquement en compagnie de ses trois enfants mineurs, sauf en présence d'un employé de la Direction de la protection de la jeunesse. Elle ne doit pas non plus se trouver seule en présence de sa fille Bahar, à moins qu'un adulte responsable ne soit présent.

Le procureur de la Couronne Jacques Dagenais, qui s'opposait à cette mise en liberté, n'a pas exigé qu'une somme d'argent soit versée en guise de cautionnement, mais il a demandé et obtenu que Mme Kaleki dépose son passeport. La femme n'a pas le droit de quitter le Québec pendant le processus judiciaire. Hier, l'audience s'est tenue en anglais et un traducteur traduisait le tout en farsi à l'accusée.

Les gestes reprochés à Mme Kaleki sont survenus le 13 juin dernier, dans la résidence que la famille occupe, à Dorval. La jeune femme aurait été blessée à l'arme blanche. Un porte-parole du Service de police avait évoqué la possibilité d'un crime d'honneur. Au terme d'une évaluation psychiatrique, Mme Kaleki a été jugée mentalement apte à être jugée dans un procès.