«Ma soeur était une femme chaleureuse, accueillante et toujours prête à rendre service. Si un jeune de 16 ans a cogné chez elle pour lui demander de l'aide, elle a sûrement accepté de lui ouvrir la porte.»

Hier après-midi, Louise Pelletier encaissait le choc du départ brutal de sa soeur aînée, Réjeanne Pelletier-Charette, grand-mère tranquille et sans histoire.

Cinq jours après sa disparition, le corps de Mme Pelletier-Charette, 82 ans, a été découvert mardi soir dans un secteur boisé situé à moins de 2 km de chez elle, dans le secteur Rock Forest à Sherbrooke.

Quelques heures plus tôt, un adolescent de 16 ans a été accusé de séquestration et d'enlèvement en lien avec cette affaire. Il a également été accusé du vol de la voiture de la victime.

Au terme de l'enquête policière, des chefs d'accusation plus graves pourraient être portés contre l'adolescent, que nous ne pouvons identifier en raison d'une ordonnance de la Cour. La Sûreté du Québec (SQ) préfère attendre les résultats de l'autopsie avant de confirmer qu'il s'agit bel et bien d'un homicide.

Selon ses proches, Réjeanne Pelletier-Charette a peut-être été victime de sa bonté. L'enquête en cours laisse croire qu'elle aurait consenti à ouvrir la porte à l'adolescent, jeudi dernier. Ce soir-là, l'accusé aurait fait du porte-à-porte dans le voisinage, prétextant vouloir utiliser le téléphone.

«Réjeanne était tellement une bonne personne qu'elle a dû le croire, elle a dû lui faire confiance», a dit Louise Pelletier, qui ne croit pas que sa soeur connaissait son présumé assaillant.

Réjeanne Pelletier-Charette vivait seule dans sa maison de la rue Rodrigue, située en bordure du lac Magog. Veuve depuis une trentaine d'années, ses quatre enfants - trois filles et un garçon - venaient souvent la visiter.

Hier après-midi, ses proches, originaires de la Rive-Sud, étaient réunis devant la résidence de la victime. Deux de ses filles s'enlaçaient tristement, pleurant de douleur. Pendant ce temps, des voisins déposaient des bouquets de fleurs dans l'entrée de la maison de l'octogénaire, qui adorait s'occuper de son jardin.

«C'est un choc pour tout le monde, a dit la nièce de la victime, Diane Boissonneault. En même temps, nous sommes soulagés que les policiers l'aient retrouvée. Plus le temps passait, plus c'était difficile.»

Un témoin?

Après deux jours de recherches intensives, les policiers ont découvert le corps de la victime vers 20h, mardi, dans un terrain boisé en bordure de la rue Gatineau. Les automobilistes peuvent y accéder en empruntant un chemin privé qui mène à trois résidences.

Le propriétaire de l'une des résidences, Patrick Clerc, pense avoir aperçu l'accusé vendredi après-midi, au lendemain de la disparition de la victime. M. Clerc a d'ailleurs fait sa déposition à la SQ.

«J'ai pris ma voiture vers 13h30 vendredi pour aller travailler, a raconté M. Clerc, ingénieur de son au théâtre de Sherbrooke. En passant sur le chemin, j'ai vu une voiture garée à côté du bois.»

Intrigué, Patrick Clerc a fait demi-tour pour passer une autre fois devant la voiture. C'est à ce moment qu'il a vu la silhouette d'un homme à l'intérieur.

«Il était agenouillé sur la banquette arrière», a raconté M. Clerc. Selon lui, la voiture qu'il a vue était une Mazda3 de couleur claire, ce qui correspond à la description du véhicule de Réjeanne Pelletier-Charette.

Patrick Clerc ne pouvait se douter qu'un drame se tramait, puisque la disparition de l'octogénaire n'a été signalée que dimanche.

«Je suis passé à deux doigts d'aller voir, mais j'ai pensé que c'était un jeune qui s'était trouvé un petit coin tranquille pour faire des câlins», a dit Patrick Clerc. À son retour à la maison, vers 2h du matin, la voiture n'était plus là.

Les policiers de la SQ ont trouvé le véhicule de la victime dimanche soir dans le stationnement d'un supermarché du centre-ville de Sherbrooke. Le pare-chocs était endommagé et la vitre arrière, fracassée.

Vers 20h le lendemain, les policiers ont arrêté le suspect dans une microbrasserie du centre-ville de Sherbrooke.

L'accusé sera de retour devant le juge aujourd'hui pour fixer la date de la prochaine audience. Mardi, la Couronne a annoncé à la Cour qu'elle se réservait le droit de demander à ce qu'il soit assujetti à une peine pour adultes.