Un homme de 72 ans et ses fils âgés de 1 et 7 ans ont été trouvés morts dans leur appartement du quartier Ville-Émard, à Montréal, dans la nuit de vendredi à samedi. D'après les premiers éléments de l'enquête, il s'agit d'un double meurtre suivi d'un suicide.



C'est la mère des deux enfants, une femme de 33 ans, qui a fait l'horrible découverte en rentrant chez elle, samedi, vers 1h du matin. Interrogée par les policiers, elle a quitté son domicile en état de choc, soutenue par des agents. Les images de la chaîne de télévision LCN l'ont montrée, effondrée, hurlant : «Il a tué mes enfants !»



Ce sont ces images qui ont justement alerté les parents de la jeune femme, arrivés tôt dans la matinée de samedi au 1940, rue Galt. «On a appris ça par les nouvelles, on veut savoir ce qui est arrivé», a dit la grand-mère des victimes, la voix étreinte par l'émotion, avant d'être emmenée par un enquêteur.

D'après la police, les enfants et le père sont morts par strangulation. Le nom des victimes n'a pas été confirmé par le SPVM, mais il s'agirait, selon des proches rencontrés sur les lieux du drame, de Jacques Tanguay et de ses fils Anthony et Gabriel.

La mère, Sylvie Breton, chantait dans des bars. L'an dernier, elle avait été embauchée au bar Latour, avenue de l'Église, à quelques pas de chez elle. C'est là qu'elle a passé quelques heures, vendredi soir, avant de rentrer chez elle et de trouver ses enfants morts.

«On est tous surpris ce matin. Elle avait du plaisir, elle a juste dit que ça n'allait pas bien dans son couple, mais quand même, pas à ce point-là», a raconté samedi une barmaid du bar Latour, Danielle Malenfant. Vendredi, la jeune femme s'est présentée au bar seule, a chanté quelques chansons avant de repartir, après minuit. «Elle n'avait pas l'air d'avoir été victime de violence, mais les clients disent que quand elle est en chicane, elle vient ici.»

Jacques Tanguay, livreur de pizza à la retraite selon La Presse Canadienne, était un homme calme, peu bavard, qui ne buvait pas. Il était proche de ses deux enfants, a noté Louise Dionne, voisine chez qui Anthony avait passé un moment dans l'après-midi précédant le drame. «Il leur donnait le bain, c'est toujours lui qui venait les chercher. Mais il me disait qu'il trouvait ça difficile», a ajouté Mme Dionne.

Le couple, qui sortait assez peu, était installé depuis plusieurs années dans un HLM de la rue Galt. D'après certains voisins, la police est déjà intervenue à plusieurs reprises pour des disputes.

«C'était un couple dysfonctionnel, un couple bizarre, a dit une voisine, qui a connu la mère des victimes. Elle avait deux enfants qu'elle aimait, mais Jacques, lui, était bizarre, il n'avait pas l'air bien.»

Leur fils aîné, Anthony, passait beaucoup de temps chez des voisins. «J'ai joué toute la journée d'hier avec lui, il avait un grand sourire, même si ses parents lui criaient dessus», a dit le jeune Youri Lamoureux.

D'après les voisins, M. Tanguay était également le père de deux enfants adultes nés d'un précédent mariage. Il venait de subir une importante opération et allait fêter ses 73 ans le mois prochain. «C'était pas du méchant monde comme tel. Ça me désole beaucoup que ça en soit arrivé là», a lâché Daniel Perreault, un voisin.

L'autopsie des trois corps sera pratiquée aujourd'hui ou demain et devra confirmer les causes de la mort des victimes. La police doit encore rencontrer des témoins, mais privilégie fortement la thèse du double meurtre suivi d'un suicide. Il s'agit des 18e et 19e homicides à survenir à Montréal depuis le début de l'année.