Accusé de 22 meurtres, de trafic de drogue et de gangstérisme, le membre fondateur du chapitre de Montréal des Hells Angels, Robert Bonomo, a été libéré en attendant son procès.

La juge Sophie Bourque a consenti à mettre en liberté quatre des sept accusés qui lui ont présenté une requête en ce sens, dont Bonomo, hier, au centre judiciaire Gouin. Les motifs de sa décision sont frappés d'une interdiction de publication.

Ces sept hommes ont été inculpés en avril 2009 en même temps que 149 autres personnes dans l'opération SharQc, plus vaste opération antimotards du Canada.

La poursuite n'a pas encore décidé si elle allait interjeter appel de cette décision. «On en est à une étape préliminaire du processus. Éventuellement, toutes ces personnes devront répondre de leurs actes dans un procès. Pour certains accusés, la juge Bourque a estimé que, s'il y avait un risque, il était gérable pour la société. On prend acte de sa décision», a dit le procureur de la Couronne, Me Martin Chalifour.

Bonomo fait l'objet de 29 chefs d'accusation qui vont du trafic de stupéfiants au meurtre. L'homme de 63 ans a dû verser 5000$ et signer un engagement personnel de 100 000$. De plus, ses proches se sont engagés à verser 14 000$ si jamais il manquait aux conditions de sa libération. Il devra respecter un couvre-feu de 19h à 6h. Il n'a pas le droit de posséder d'arme à feu et ne peut quitter le pays.

Richard Hudon, Michel Rivard et René Bibeau ont également été libérés. Les deux frères de Bibeau ont signé un engagement de 100 000$. «La famille de mon client est très contente de sa mise en liberté. Cela facilite de beaucoup la préparation d'une défense quand le client n'est pas détenu», a dit son avocate, Me Lucie Joncas, à sa sortie de la salle d'audience.

Quant à Hudon, c'était la seconde requête de libération qu'il présentait depuis son arrestation. Le juge Serge Boisvert avait rejeté la première. L'homme de 49 ans, accusé de trafic de stupéfiants au profit des Hells, aura lui aussi un couvre-feu à respecter.

Rivard, accusé de trafic de stupéfiants, devra quant à lui retourner vivre dans son village d'origine, Saint-Quentin, au Nouveau-Brunswick.

Seize personnes libérées

Au total, 16 des 156 personnes inculpées ont été mises en liberté depuis leur arrestation, en avril 2009. Neuf autres font l'objet d'une enquête en vue de leur mise en liberté devant le juge Richard Wagner. Une vingtaine d'autres sont toujours recherchées par la police, dont Normand Ouimet. Un dernier accusé, Bruno Dumas, a été retiré de la liste puisqu'il est décédé.

Bruno Belzile, Guy Dubé et Kaven Langlois ont eu moins de chance: ils devront rester détenus, a décidé la juge Bourque, hier. Contrairement à Dubé, Belzile et Langlois ne sont pas accusés de meurtre. Ils sont inculpés de trafic de stupéfiants et de gangstérisme. L'enquête sur leur mise en liberté s'est échelonnée sur deux semaines en janvier dernier.