Un quart de siècle après l'attaque terroriste la plus meurtrière de l'histoire du Canada, une commission fédérale d'enquête se prépare à livrer, sur le tard, ses conclusions sur ce qui a mal tourné - et sur ce qui peut être fait pour éviter qu'une telle tragédie se reproduise.

Le rapport sur l'explosion du vol 182 d'Air India, le 23 juin 1985, qui doit être remis au premier ministre Stephen Harper et dévoilé jeudi, est le résultat de près de quatre ans de travail de la part de John Major, un ancien juge de la Cour suprême, appuyé par une équipe d'avocats et de recherchistes.

Tous ces gens ont épluché des dizaines de milliers de pages de documents classifiés et entendu les dépositions de plus de 200 témoins durant cette laborieuse enquête.

Les cinq volumes qui doivent être déposés regrouperont près de 4000 pages d'éléments historiques, de confirmations de faits de la part de M. Major sur des éléments longtemps contestés, ainsi que des recommandations visant à améliorer le travail des policiers, les opérations de renseignements et la sécurité aérienne, entre autres.

Et pourtant, il se pourrait que ce ne soit pas encore le mot de la fin.

Selon une source d'information impliquée dans la production du rapport, cette histoire est si complexe et comporte tant de facettes qu'il est possible que l'affaire ne soit jamais véritablement classée.

Le vol 182, en provenance de Toronto s'est d'abord posé à Mirabel, avant de reprendre la route de Bombay. Mais peu après 3 h, l'appareil explose au large des côtes de la mer d'Irlande, ne laissant aucune chance aux 329 passagers, dont 278 Canadiens, la plupart d'origine indienne.

La même journée, deux autres personnes ont perdu la vie lorsqu'une deuxième bombe a explosé dans des bagages transférés vers un autre engin de Air India, à Narita, au Japon.

Ces deux attentats auraient été perpétrés par des militants sikhs en Colombie-Britannique, mais un seul homme a finalement été inculpé, et ce d'une accusation d'homicide involontaire coupable.

Le présumé cerveau du complot, Talwinder Singh Parmar, a été arrêté mais relâché en raison d'un manque de preuve. Il a ensuite quitté le Canada vers l'Inde, où il a été abattu par la police en 1992.

Deux autres hommes ont été acquittés à l'issue d'un procès tenu à Vancouver, en 2005. Ce verdict a semé la colère parmi les familles des victimes de l'attentat et mené à la création de la commission d'enquête, en 2006.