Une femme qui a fait un AVC au lendemain de manipulations chiropratiques réclame près de 3 millions en dommages au professionnel qui l'a traitée, et qu'elle tient responsable de ses malheurs.

Dans la poursuite civile qu'elle vient d'intenter, Sylvie St-Gelais, 44 ans, raconte qu'elle s'est présentée chez le chiropraticien Denis Desaulniers en mai 2007 parce qu'elle éprouvait certains problèmes de santé. Elle souffrait d'engourdissement au bras et au côté gauche du visage, et elle avait un goût étrange dans la bouche. Occasionnellement, la jambe gauche lui manquait lorsqu'elle marchait et elle échappait des objets. Elle avait aussi une légère douleur au dos. Après examen, le Dr Desaulniers a diagnostiqué des «subluxations vertébrales» au cou et, au dos, un début d'arthrose et une scoliose vertébrale. Le Dr Desaulniers a établi un calendrier de traitements de manipulations qui ont commencé le 28 mai 2007. Deux semaines plus tard, au lendemain du cinquième traitement, Mme St-Gelais affirme qu'elle s'est rendue péniblement au travail. Arrivée, elle est soudainement devenue pâle et s'est affaissée.

 

À l'hôpital où elle a été transportée d'urgence, on a diagnostiqué une lésion ischémique de l'hémisphère droit du cerveau et une dissection carotidienne. En clair, elle a fait un AVC qui l'a laissée avec d'importantes séquelles. Elle déplore maintenant avoir, entre autres, peu de concentration, une perte de vision, une paralysie qui touche plusieurs parties du côté gauche de son corps, de même que des atteintes cognitives importantes. Celle qui travaillait comme gestionnaire dans une entreprise de pavés n'a jamais pu réintégrer son emploi. En fait, elle est invalide. C'est son mari, Jocelyn Thibault, lui-même sans travail et prestataire de la CSST depuis 1995 à la suite d'un accident de travail (bras coincé dans un rouleau compresseur), qui doit voir à tout.

Mauvaise évaluation

Mme St-Gelais reproche au chiropraticien d'avoir mal évalué sa condition et de ne pas l'avoir dirigée vers un médecin ou un neurologue. Elle lui reproche également d'avoir posé un mauvais diagnostic, et d'avoir fait des manipulations non indiquées dans les circonstances. Elle suggère que la manipulation cervicale est la cause la plus probable de la dissection de son artère carotide.

Mme St-Gelais a porté plainte à l'Ordre des chiropraticiens du Québec. En février 2009, le Dr Desaulniers a plaidé coupable à deux infractions déontologiques: ne pas avoir dirigé sa patiente vers un autre professionnel de la santé compte tenu des symptômes qu'elle présentait, et avoir prodigué des traitements qui n'étaient pas indiqués, compte tenu des symptômes présents. Le Dr Desaulniers a écopé d'une amende, indique la poursuite. À l'Ordre des chiropraticiens, on a confirmé hier qu'il y avait eu plainte, mais on n'a pas pu dire comment l'affaire s'était terminée, car le syndic n'est présent que le mardi.

Quoi qu'il en soit, Mme St-Gelais réclame 2 430 000$ pour elle-même au Dr Desaulniers et à l'Association chiropratique canadienne. Son mari et leurs deux enfants demandent quant à eux 475 000$.