La collecte de données sur l'origine des personnes interpellées peut être un outil précieux pour la police, a soutenu l'ancien chef de la police de Kingston (Ontario), invité à témoigner à la consultation sur le profilage racial de la Commission des droits de la personne.

«Je n'ai jamais dit que toutes les forces de police doivent collecter les données, mais j'ai toujours dit qu'elles doivent garder l'esprit ouvert quant à cette éventualité», a dit William Closs. Celui qui a dirigé la police de Kingston de 1995 à 2008 a raconté lors de cette cinquième journée d'audiences publiques les hauts et les bas d'une expérience qui reste unique au Canada.

Pendant un an, les policiers de Kingston ont été invités à préciser l'appartenance ethnique des personnes interpellées ou arrêtées. Contesté lors de sa mise en oeuvre, notamment par le syndicat des policiers de Kingston, le projet avait aussi été critiqué une fois ses conclusions publiées, en 2005.

L'étude démontrait que, à Kingston, un homme noir risquait trois fois plus de se faire arrêter qu'un homme blanc. «Il y a peu de diversité, à Kingston, et 99 % des crimes sont commis par des Blancs, a précisé M. Closs. Donc il n'y avait pas de raison d'arrêter trois fois plus les jeunes Noirs de 15 à 25 ans !»

Malgré les critiques qu'ont suscitées ses conclusions, William Closs estime que l'étude a permis de comprendre les motivations des policiers lors des interpellations. Une femme se fait arrêter «parce qu'elle a l'air d'une prostituée» ; un homme «parce qu'il a l'air gai». «Beaucoup de choses sont sorties de cette étude, et notamment plus de confiance», croit William Closs.

La mise en place d'une mesure similaire à Montréal ne semble pas à l'ordre du jour du côté du SPVM, qui a participé aux audiences de mercredi. «On est ouvert, mais on veut trouver une façon intelligente de le faire», a dit Denis Desroches, directeur adjoint du SPVM.

Pour William Closs, l'expérience menée à Kingston a permis de renforcer les liens entre la police et la communauté. Au président de la Commission, Gaëtan Cousineau, qui lui a demandé s'il referait la même chose, M. Closs a affirmé sans hésiter : «Nous avons tellement appris que oui, nous le referions.»

Les audiences publiques de la Commission sur le profilage racial et ses conséquences se terminent aujourd'hui. Le rapport de la Commission sera rendu public à la fin de l'année.