La Commission de l'immigration et du statut de réfugié a prononcé mercredi une mesure d'expulsion contre Dikila Mbosso, 19 ans, pour «criminalité organisée». Le jeune homme a été membre d'un gang associé aux Rouges.

«Le tribunal conclut que, sur la base de motifs raisonnables de croire, que M. Mbosso était membre de Young Master Crew, puis ensuite de Money Blood Brothers, de gangs de rue des «rouges» qui sont sous la gouverne du gang de rue des Bo-Gars», a noté la commissaire à l'immigration avant de prononcer la mesure d'expulsion.Né en République démocratique du Congo, Mbosso est arrivé au Canada avec son père en 2000, à l'âge de 9 ans. Dès l'année suivante, il était fiché par la police. Il n'avait que 12 ans quand il a été déclaré coupable de ses premières infractions.

Il était fier de s'afficher comme membre des Bo-Gars, gang du nord de Montréal d'allégeance rouge qui s'adonne à différents crimes.

Devant la commissaire Dianne L. Tordorf, Mbosso a nié avoir déjà reconnu qu'il était membre d'un gang, mais la preuve démontre le contraire. Au cours d'une audience devant un juge du tribunal de la jeunesse, le 17 octobre 2007, Mbosso avait dit: «Parce que moi, là, tu vois, c'est pour ça que j'ai dit à mon avocat, moi je veux pas rester à R.D.P., je veux juste aller à Bordeaux... parce que moi je suis dans les gangs, tu comprends, moi je suis dans le gang... je me suis affiché Bo-Gars. Je suis fiché Bo-Gars, je veux rester fiché Bo-Gars...»

Il avait également précisé son choix pour l'aile de la prison. «Parce que moi, à Bordeaux, j'ai mes amis là, tu comprends, j'aurai pas de problème là. Moi, je veux aller dans le D-5 avec mes amis. Si je m'en vais dans le D-5, je suis affiché Bo-Gars.»

Mbosso avait été condamné à six mois, peine qu'il a purgée dans une prison pour adultes.

Minuit moins une

En 2009, il a été condamné de nouveau, cette fois à 15 mois de prison, pour introduction par effraction, séquestration, possession d'arme, menace et possession de drogue à des fins de trafic. Il a été libéré en mars dernier. Devant la possibilité de l'expulsion, il avait alors affirmé qu'il voulait changer et souhaitait reprendre l'école. Il a été très affecté par la décision rendue mercredi, selon son avocate, Marie-Hélène Giroux.

Mbosso n'est cependant pas à la veille de prendre l'avion pour le Congo, car Me Giroux va tenter de faire casser la décision de la Commission en demandant un contrôle judiciaire en Cour fédérale au motif que la commissaire a commis des erreurs de droit. Me Giroux avait articulé ses principaux arguments autour du fait que son client avait commis tous ses crimes alors qu'il était mineur. Mbosso a fêté ses 18 ans en février 2009. La commissaire a reconnu qu'il n'y avait pas de preuve selon laquelle le jeune homme a été associé à un gang depuis qu'il a atteint sa majorité.

Quoi qu'il en soit, en attendant la suite du processus, Mbosso reste en liberté et il a toujours le statut de réfugié politique.