Dans l'ambulance qui le transportait à l'hôpital, la nuit du 19 avril 2009, Yannick Gallant se souvient qu'on l'a ouvert avec un scalpel parce qu'il n'arrivait plus à respirer. C'était l'aboutissement d'une soirée au bar Fuzzy qui avait bien commencé, mais qui s'est terminée dans le sang.

Gallant aurait été volé et battu, d'abord par les portiers, puis par un groupe d'individus qui l'ont aussi poignardé à l'extérieur du bar. C'est du moins ce qu'il a raconté, hier, lorsqu'il a témoigné au procès de ses agresseurs présumés, Maxime Renaud, 24 ans, et R.A., 23 ans. Les deux hommes ont été impliqués dans l'événement qui a coûté la vie au jeune Sébastien Lacasse, en 2004, à Laval. Le garçon avait été poursuivi par une dizaine de jeunes qui l'avaient battu et poignardé. R.A. n'avait alors pas tout à fait 18 ans. Aujourd'hui, dans l'affaire qui nous occupe, les deux hommes sont accusés de vol qualifié, mais seul R.A. est accusé de voies de fait graves à l'endroit de Gallant. Il est aussi le seul à être détenu.

 

Chaînes en or

Gallant a expliqué hier qu'il était arrivé au Fuzzy, à Brossard, vers minuit le 19 avril 2009, en compagnie de son ami Stéphane Éthier. Tous deux portaient des chaînes en or au cou, longues jusqu'au nombril. Selon le récit de Gallant, à un certain moment, ils ont été interpellés par une fille qui se trouvait avec une bande d'individus à la peau noire. L'un d'eux s'est avancé. «Il a pété la chaîne de Stéphane et a pris sa croix. J'approche pour m'en mêler, là je sens ma chaîne partir. Je me retourne, je vois des gars noirs. Je brise ma Corona au visage du gars qui a tiré la chaîne à Stéphane. Je recule, les doormen me sautent dessus. Je me retrouve au sol, je me fais frapper au visage au sol. Ils me sortent dehors», a expliqué Gallant, hier.

Selon lui, les portiers l'ont traîné et l'ont laissé dans un bosquet. Un groupe d'une quinzaine d'individus s'est approché en criant et en gesticulant. Le seul portier qui était resté aux côtés de Gallant leur a demandé d'arrêter et leur a fait signe de reculer, en vain. Toujours selon Gallant, le portier est alors parti en courant. Gallant s'est retrouvé accroupi au sol, à recevoir des coups. Il a notamment été poignardé aux deux bras. Le portier est revenu le chercher. «Il m'a pris par la main. On est arrivés à la porte du Fuzzy. Je sentais le sang dans mon dos. Une fille m'a dit: «T'as-tu compris, là?» Le doorman m'a dit: «Décâlisse.»»

Gravement blessé, Gallant pense que c'est l'adrénaline qui lui a permis de courir jusqu'à une station-service, où il s'est réfugié et a demandé de l'aide. La police est arrivée peu après.

Protection policière

Le procès qui se déroule devant le juge Pierre Bélisle se poursuit ce matin, au palais de justice de Longueuil. Fait extrêmement rare, deux policiers de Longueuil ont passé la journée sur place, hier, pour s'assurer que les acteurs de cette affaire restent calmes. Les deux victimes sont accompagnées d'amis. On compte aussi plusieurs amis des accusés, sans compter cinq portiers aux biceps proéminents, qui seront appelés à témoigner.