«C'est certain que je m'en veux... Un de nos chiens a tué un bébé! Mais jamais je n'aurais pensé qu'une telle chose puisse arriver, jamais.»

Rencontré hier après-midi devant chez lui, à Saint-Barnabé-Sud, le maître des chiens huskies qui ont tué un nouveau-né lundi après-midi tentait de comprendre le drame qui le secoue.

Le jeune homme à l'aube de la vingtaine revenait tout juste du palais de justice de Saint-Hyacinthe, où sa colocataire de 17 ans, la mère du poupon, a été accusée d'homicide involontaire.

Le maître des chiens et sa copine sont locataires de la maison de campagne depuis le mois de mai. Les parents du bébé, qui sont leurs amis, ont emménagé avec eux le 1er juin, quelques jours après la naissance de l'enfant.

«Les deux chiens n'ont jamais été agressifs avec le bébé ni avec personne d'autre, a dit leur maître, qui les a adoptés quand ils étaient chiots. Ils n'ont même jamais mordu personne.»

La femelle, qui a 4 ans, était «colleuse», dit-il. Et le mâle, qui appartient aujourd'hui à la copine du jeune homme, était de nature craintive.

On ignore toujours lequel des deux a attaqué le bébé. «Celui qui a fait ça va se faire piquer, ce ne serait pas acceptable de le garder en vie», a dit le maître.

Des chiens farouches?

Tandis que le jeune homme assure que ses chiens étaient dociles, ses voisins les considéraient plutôt comme des bêtes farouches. Bruno Leblanc, un agriculteur qui habite tout près, les voyait souvent courir dans son champ.

Deux fois, il a demandé à leur maître de les garder attachés, comme l'exige le règlement municipal de Saint-Barnabé-Sud.

«Ils venaient agacer mes chiens et rôder autour de ma porcherie, a dit Bruno Leblanc. Ils couraient autour des chats de ma bru. Dès qu'on s'en approchait, ils s'enfuyaient.»

«Ces chiens sont des chasseurs, des chiens-loups qui suivent leur instinct de survie, a-t-il poursuivi. Avec des enfants dans la maison, je sentais qu'il pouvait arriver quelque chose.»

Il y a deux semaines, Bruno Leblanc a vu le husky mâle sur le terrain de ses maîtres en compagnie d'une fillette blonde de 4 ou 5 ans.

«J'ai dit au maître que c'était dangereux de laisser un chien sans surveillance avec un enfant, a raconté Bruno Leblanc. Je lui ai dit que, si je le voyais détaché encore une fois, je le ramasserais.»

Ginette Létourneau, qui habite juste en face de la maison où le drame s'est joué, a elle aussi conseillé à la maîtresse des huskies de les garder en laisse.

«Je lui ai dit de les attacher parce qu'ils risquaient de causer des accidents en traversant la rue», a dit Mme Létourneau, qui les a vus passer sur son terrain deux ou trois fois. Les chiens ne lui ont pas semblé agressifs.Le propriétaire des huskies admet que les voisins se sont plaints à quatre ou cinq reprises. «J'essayais de les garder attachés ou de les surveiller, mais parfois ils s'enfuyaient», a-t-il dit.

«Un chien, c'est un chien, a-t-il conclu. Et contrairement à ce que disent les dresseurs ce matin dans les journaux, si un chien décide de faire quelque chose, il peut le faire même s'il a été dressé.»