Furieux que sa femme, à qui il venait de faire une crise de jalousie, se soit réfugiée chez les voisins en pleine nuit, B.B. a mis le feu dans la chambre où dormaient leurs deux enfants.

«J'étais en colère et en boisson», a raconté l'homme de 32 ans, cette semaine, alors qu'il témoignait dans le cadre des plaidoiries sur la peine à lui infliger. D'abord accusé de tentative de meurtre sur ses deux enfants, l'homme (que nous ne pouvons nommer pour protéger l'identité de ses enfants) a plaidé coupable à des accusations réduites de voies de fait graves sur les petits, âgés de 1 et 5 ans au moment des faits. B.B. sait que c'est lui qui a mis le feu. «Il n'y avait que moi et les enfants dans la maison», a-t-il reconnu. Mais il affirme ne pas se souvenir de la façon dont il a allumé l'incendie.

 

L'incident est survenu vers 3h30 dans la nuit du 4 avril 2009, dans le logement que le couple occupait dans l'arrondissement LaSalle. Le feu a pris dans une pile de linge et s'est vite propagé, au point où la pièce a été détruite. Les enfants ont été blessés, mais ont heureusement été secourus par des policiers, qui ont aussi sorti le père et évacué l'immeuble. Le SPVM a d'ailleurs honoré ses policiers pour leur bravoure. Selon le père, seul un des deux enfants garde «une cicatrice» de ses brûlures.

Réfugié politique

Réfugié politique d'origine africaine, B.B. a le statut de résident permanent, mais n'a pas encore la citoyenneté canadienne. Il est arrivé à la cour, lundi dernier, vêtu de couleur pâle, en compagnie d'une femme qu'il a présentée comme sa cousine, avec qui il habite. Il vit de l'aide sociale, il ne paie donc pas de pension pour ses trois enfants (le troisième est né depuis les événements), a-t-il expliqué, peu après que son téléphone portable se soit mis à sonner dans la salle d'audience. Il assure qu'il paiera une pension quand il travaillera.

B.B. ne peut plus avoir de contact avec sa femme, mais il peut voir ses enfants une fois par semaine s'il le désire, dans un endroit supervisé. Il ne les a vus que trois fois depuis l'été dernier parce qu'il n'en a pas les moyens: il soutient qu'on lui demande 57$ chaque fois. Cette affirmation a fait sursauter la procureure de la Couronne, Sylvie Lemieux, qui a longtemps travaillé au Tribunal de la jeunesse et qui n'a jamais eu vent d'une telle exigence.

L'homme a suivi une thérapie pour régler son problème d'alcool et il a même eu son certificat en février dernier, dit-il. Depuis, il n'est allé qu'à deux rencontres. Le rapport de personnalité établi à son sujet signale qu'il reconnaît difficilement les faits liés à son comportement vindicatif et aux tensions conjugales. Il assure que c'est parce qu'il a honte et que son geste est difficile à accepter. Il fait remarquer que, lorsqu'il a entendu l'alarme d'incendie, il a voulu sauver ses enfants.

L'accusé aimerait étudier et travailler dans le domaine de la construction, comme plâtrier. Il soutient qu'il n'y a pas de place pour lui avant 2011 dans un cours de métier. Il devait commencer à travailler dans le débroussaillage de forêt à la mi-mai, mais cela a été retardé en raison des incendies de forêt. Il allait commencer le mercredi 2 juin, a-t-il assuré.

Comme ce travail saisonnier tiendra l'accusé occupé et loin de Montréal pendant les cinq prochains mois, la juge Isabelle Rheault a reporté la suite de l'audience au mois de novembre. L'accusé est représenté par Me Pascal Lescarbeau. La procureure de la Couronne a indiqué qu'elle allait demander une peine de prison ferme de trois ans. La juge Rheault a signalé qu'elle voulait savoir ce qui se passerait pour le statut de l'accusé. Une peine de plus de deux ans entraîne presque automatiquement l'expulsion du pays pour grande criminalité.