Par la voix de son avocat, l'ex-directeur général du Parti libéral du Canada au Québec, Benoît Corbeil, a tenté hier matin de convaincre la Cour d'appel que la peine de 15 mois de prison ferme à laquelle il a été condamné en décembre dernier pour fraude et trafic d'influence est trop sévère.

En plus de la prison, M. Corbeil a été condamné à payer une amende de 20 000$ et à rembourser au Parti libéral les sommes détournées, soit 117 315$. Me Michel Grenier a plaidé que cette affaire avait changé la vie de son client. L'ex-DG a été contraint d'utiliser tous ses REER, il s'est endetté, roule dans une auto d'occasion et est locataire de son appartement. Il a besoin de son emploi et ne veut pas le perdre.

L'avocat a décrit M. Corbeil comme un «maniaque de politique» et a fait valoir que le travail de son client, à l'époque, était de faire fonctionner le Parti libéral. «Il n'y a aucune preuve qu'il a utilisé l'argent à des fins personnelles.»

Me Grenier a indiqué que M. Corbeil avait agi sous la pression de Giuseppe Morselli, organisateur libéral aujourd'hui décédé, qui était très proche du ministre des Travaux publics, Alfonso Gagliano. Le parti a lui-même participé à l'infraction, d'une certaine façon, estime l'avocat.

Enfin, Me Grenier croit que la juge Suzanne Coupal n'a pas étudié d'autres solutions que l'incarcération quand elle a prononcé la peine. Il estime qu'une peine avec sursis ou une absolution conditionnelle conviendrait mieux et permettrait à M. Corbeil de continuer à travailler et d'être un élément positif pour la société.

La procureure de la Couronne Josée Fontaine a pour sa part plaidé pour le maintien de la peine de prison, qu'elle juge appropriée. «On doit regarder les dommages à la victime, qui est le Parti libéral.» Elle a fait ressortir que M. Corbeil avait un poste hautement stratégique au moment des infractions. «C'est lui qui tenait les cordons de la bourse.» Elle a également signalé que les incidents reprochés ne s'étaient pas produits une seule fois, mais qu'ils s'étaient étalés sur six ou sept mois. Elle est d'avis que la peine doit être dissuasive.

M. Corbeil, qui a été embauché par PR Maintenance après sa mise en accusation, gagnerait actuellement un salaire de 100 000$ par année, sans compter les bonus, selon les plaidoiries faites hier.

Rappelons que, en 1999, alors qu'il était à la tête du PLC-Q, M. Corbeil avait autorisé la fabrication de fausses factures totalisant 117 315$. Il avait aussi demandé 50 000$ à un homme d'affaires en échange d'une oreille attentive à Ottawa. M. Corbeil a plaidé coupable à des accusations de trafic d'influence et de fraude dans cette affaire. Il a eu sa peine le 4 décembre dernier.