Hochelaga-Maisonneuve a été le théâtre, hier, d'une opération majeure visant le démantèlement d'un réseau de trafiquants lié aux motards, une organisation bien structurée et solidement implantée dans le quartier.

Les policiers du Service de police de la Ville de Montréal (SPVM) avaient 45 suspects dans leur ligne de mire, dans le cadre de cette opération baptisée Eraser. Au moment d'écrire ces lignes, plus d'une trentaine d'entre eux avaient été épinglés, dont les deux têtes dirigeantes, deux frères issus d'une famille dont les assises sont solidement installées dans le milieu interlope de ce quartier populaire de l'est de Montréal.

Cette rafle a été rendue possible grâce à des informations provenant de résidants et de commerçants du quartier, qui ont remarqué l'incessant va-et-vient à plusieurs adresses. Au total, 23 endroits ont fait l'objet de perquisitions, 21 à Montréal et deux à Lavaltrie, où demeurent les têtes dirigeantes, sympathisants des Hells Angels.

Ce coup de filet visait à neutraliser une organisation qui est de mèche avec les motards et qui se spécialisait dans la vente de stupéfiants, surtout du crack et de la cocaïne. La drogue était écoulée dans des piqueries, utilisées comme points de vente. Certaines d'entre elles étaient aménagées dans des immeubles laissés à l'abandon, fréquentées par des prostituées et des toxicomanes. Le réseau - structuré avec des dirigeants, des intermédiaires et des petits revendeurs - pourvoyait au ravitaillement.

«Cette organisation était implantée depuis plusieurs années et ses activités pourrissaient la qualité de vie des citoyens du quartier», a souligné le commandant du poste de quartier 23, François Cayer.

La frappe policière s'est déroulée vers 13h30 dans un quadrilatère très restreint, délimité par l'avenue Bourbonnière, les rues Davidson, Adam et Sainte-Catherine.

Les arrestations ont eu lieu simultanément à plusieurs endroits, un spectacle inusité. À l'intersection des rues Chambly et Sainte-Catherine, une dizaine de suspects menottés, des hommes et des femmes, étaient assis contre une porte de garage. Surveillés de près par les policiers du poste de quartier 23, plusieurs n'ont pas caché leur colère d'être ainsi exposés devant les lentilles des photographes qui couvraient l'opération. Des scènes semblables se sont répétées ailleurs, notamment dans la rue Darling, où 10 autres suspects attendaient contre un mur de briques. Les policiers ont escorté un à un les suspects menottés à l'extérieur d'un immeuble un peu glauque.

Le SPVM dit avoir saisi beaucoup de drogue et de l'argent liquide, mais ne sera pas en mesure de fournir un bilan complet avant lundi.