Le conseil de discipline du Barreau du Québec a imposé, hier matin, une radiation de quatre ans à l'avocat criminaliste bien connu Claude F. Archambault.

L'inconduite de l'intimé était tellement grave dans ce dossier que le conseil a jugé bon d'imposer une sanction plus sévère que celle qu'avait demandée le syndic adjoint du Barreau. Ce dernier avait réclamé une radiation de trois ans.

La décision fait suite au verdict de culpabilité rendu par le même organisme le 26 août 2009, voulant que Me Archambault s'était approprié des sommes d'argent de ses clients.

La plainte, déposée par le syndic du Barreau du Québec, comptait 111 chefs d'accusation, dont 55 pour «appropriation de sommes», et 56 autres pour défaut de les déposer dans un compte en fidéicommis, comme le veut le code d'éthique de l'ordre professionnel.

Dans le document de la décision d'hier, le conseil de discipline est extrêmement sévère à l'égard de Me Archambault. On dit entre autres qu'il était «bien informé du caractère dérogatoire de sa conduite», qu'il a «offert peu de collaboration au processus disciplinaire», qu'il a «tenté de rejeter la responsabilité de son inconduite sur les avocats collaborateurs à son étude», qu'il a été absent durant plusieurs jours au cours de l'instruction et de l'audition de la plainte, etc.

Les 111 chefs d'accusation sont liés à 26 dossiers remis au célèbre criminaliste entre mai 2002 et janvier 2007.

Un de ces dossiers concernait le sénateur Raymond Lavigne, qui a intenté des poursuites contre trois voisins d'un terrain de camping. Durant les plaidoiries du sénateur devant le Barreau, on a appris que le prix demandé par Me Archambault était de 7000$, ce qui comprenait les débours et «autres considérations». Dans ces «autres considérations», on incluait une intervention du sénateur auprès d'une amie afin que celle-ci recommande à un ministre à Ottawa de nommer Me Archambault à la magistrature fédérale.

Au palais de justice

Vers 11h hier matin, Me Archambault se trouvait encore au palais de justice de Montréal. La Presse l'attendait à la sortie de la salle 5.12 où il représentait un client. Après avoir appris la raison de notre visite, Me Archambault s'est refusé à tout commentaire. Il n'a émis qu'un «Ah!», son visage s'est fermé et il a quitté l'étage, puis l'immeuble, sans prononcer un mot.

Or, la décision de radiation lui avait été signifiée à 9h30 le matin même, a indiqué Martine Meilleur, coordonnatrice du service des communications du Barreau.

«À partir de ce moment, la radiation est exécutoire, pour les 55 chefs d'appropriation, et il ne peut exercer la profession d'avocat, a-t-elle ajouté. S'il le faisait, l'information serait transmise au Bureau du syndic.»

Me Archambault peut interjeter appel. Mais seul un sursis accordé par le Tribunal des professions pourrait lui permettre d'exercer son travail durant la durée du processus d'appel. Le cabinet de l'avocat Julius Grey, qui le défend dans cette cause, ne nous a pas rappelé hier.

Bien connu pour avoir défendu des célébrités, dont son ancienne conjointe Michèle Richard, devant la cour, et pour sa publicité sur la quatrième de couverture d'un annuaire téléphonique, le criminaliste a aussi eu des démêlés avec le fisc au cours des dernières années. Les gouvernements du Québec, du Canada et la Ville de Montréal se sont mis à ses trousses.