Ce 23 avril, trois ans jour pour jour après avoir tué Karina Paola Esquivel-Moya, James Gould a été condamné à 15 ans de prison pour ce crime d'une extrême brutalité. L'homme de 26 ans portera en outre l'étiquette de «délinquant à contrôler» pour les 10 années qui suivront sa mise en liberté, a statué la juge Sophie Bourque.

La victime n'avait que 18 ans quand elle a été battue à mort par Gould, au cours d'une fête bien arrosée. Le drame s'est produit le 23 avril 2007, dans un appartement de Dorval. Gould et Esquivel-Moya se voyaient alors pour la première fois de leur vie. Parce que la jeune femme est intervenue dans une querelle qu'il avait avec son amie de coeur, Gould lui a donné un coup de poing, puis lui a martelé la tête à coups de pied alors qu'elle gisait par terre. Il s'est enfui, mais a été arrêté quelques jours plus tard. Accusé de meurtre non prémédité, Gould a finalement été déclaré coupable d'homicide involontaire l'an dernier, au terme de son procès devant jury. La Couronne aspirait à une peine de 20 ans, et une étiquette de délinquant dangereux, ce qui aurait envoyé l'accusé derrière les barreaux pour une période indéterminée. En analysant toutes les facettes du dossier, notamment les antécédents judiciaires de Gould, son comportement en prison et son évaluation psychiatrique, la juge reconnaît que Gould représente un risque pour la société. Le psychiatre Louis Bérard avait d'ailleurs évalué ce risque de récidive de modéré à élevé. Mais ce risque sera réduit et acceptable pour la société, si Gould est contrôlé après sa sortie de prison. C'est la voie que la juge a choisie. Elle lui a imposé la période de contrôle maximale, soit 10 ans, pendant laquelle il devra aussi s'astreindre à des conditions. Notamment, il lui sera interdit de boire et bien sûr de prendre de la drogue, puisque cela attise son impulsivité. Il est à noter que les troubles de Gould avec la justice ont commencé alors qu'il avait 13 ans et n'ont jamais cessé depuis. Vols, trafic de stupéfiants, violence... En fait, il a passé huit ans de sa vie derrière les barreaux.

«On n'a pas le choix»

Hier, après le prononcé de la peine en Cour supérieure, la mère et la soeur de la victime se sont montrées relativement satisfaites de la décision, car elles craignaient une peine moindre. «Je suis satisfaite pour les 15 ans. Mais c'est certain que n'importe quelle sentence ne nous la ramènera pas. On n'a pas le choix, il va falloir vivre avec ça», a dit la mère, Ana Moya, qui était accompagnée de son conjoint, Michel Larue. Celui-ci tenait une petite urne contenant des cendres de sa belle-fille.

Du côté de la Couronne, le procureur Thierry Nadon s'est montré également satisfait, d'autant plus que la juge a refusé de créditer en double les trois ans de détention préventive que Gould a purgés depuis son arrestation. La juge a estimé que son comportement pendant cette détention démontrait qu'il n'avait pas fait de progrès. Entre autres, il s'est battu avec des codétenus, il s'est fait prendre avec un couteau artisanal caché entre les fesses, on a découvert de l'alcool dans sa cellule... Conséquemment à la décision de la juge Bourque, Gould devra donc purger encore 12 ans de prison.

Les avocats de la défense, Ronnie MacDonald et Clemente Monterrosso, ont l'intention d'en appeler de cette peine.