En échange d'une caution de 100 000$ déposés en argent liquide, Moreno Gallo, un tueur lié à la mafia montréalaise a pu recouvrer sa liberté, cet après-midi, dans l'attente d'être possiblement expulsé en Italie.

C'est sa femme, propriétaire d'une boulangerie dans la Petite-Italie, Ada Crispino Gallo, qui s'est engagée à verser cette caution au moment de la comparution de l'homme de 64 ans devant la Commission de l'immigration et du statut de réfugié à Montréal. L'Agence des services frontaliers a arrêté Gallo à sa sortie d'une prison de Laval vendredi dernier, en vue de l'expulser vers son pays d'origine. Celui qui a immigré au Canada à l'âge de 9 ans est résident permanent, mais n'a jamais obtenu la citoyenneté canadienne.

En 1974, il a été condamné pour meurtre après avoir tiré trois balles dans la tête d'un trafiquant de drogues à Montréal. Il a été libéré neuf ans plus tard et n'a jamais été accusé d'aucun autre crime. Or, la Gendarmerie royale du Canada, dans le cadre de l'opération anti-mafia Colisée au début des années 2000, a rédigé un rapport sur ses relations avec le clan Rizzuto. Sa libération a ainsi été révoquée.

Le 30 mars dernier, la Commission nationale des libérations conditionnelles (CNLC) a accepté de le libérer à nouveau, mais en émettant plusieurs réserves. De son côté, l'Agence des services frontaliers veut l'expulser puisqu'elle soutient qu'il est «membre d'une organisation dont il y a des motifs raisonnables de croire qu'elle se livre ou s'est livrée à des activités faisant partie d'un plan d'activités criminelles organisées».

D'ici à ce que la Commission tranche la question de l'expulsion, la Commissaire Dianne Tordof a ordonné la libération de Gallo sous de «sévères conditions» hier après-midi. En plus de la caution de 100 000$, Gallo doit vivre dans une maison de transition où ses allées et venues seront surveillées, tel que l'exigeait déjà la CNLC. Le jour, il pourra travailler à la boulangerie de sa femme. «Quand tu es italien, tu es étiqueté. Tout le monde pense que tu es dans la mafia», a déploré Mme Gallo, témoignant en faveur de son mari.

Moreno Gallo a insisté à son tour sur le fait qu'il n'était pas membre de la mafia bien qu'il ait aidé des «amis d'enfance» liés à la pègre à résoudre des conflits dans le passé. S'il croise ces «gens-là» à la boulangerie, il a juré qu'il quitterait les lieux sur le champ.

En 40 ans de vie commune, son mari ne lui a jamais menti, a ajouté Mme Gallo à la commissaire. Aucune date n'a encore été fixée pour la prochaine audience de Gallo quant au mandat d'expulsion émis contre lui.