Qualifié de «danger pour la société» par le juge, le gangster John Tshiamala devra rester en prison jusqu'à son procès.

Le juge Jean-Pierre Bonin a refusé de mettre en liberté sous conditions l'homme de 24 ans, accusé de voies de fait armées et de séquestration, hier, au palais de justice de Montréal.

 

Les faits, survenus le 24 septembre dernier, sont frappés d'un interdit de publication. Les policiers ont lancé un mandat d'arrêt contre Tshiamala et trois présumés complices le mois dernier. Tshiamala a finalement été arrêté il y a une semaine.

Il n'y a pas que les enquêteurs dans cette affaire qui sont heureux d'avoir mis la main sur lui: il doit également témoigner au procès de Richardson François et Fares Benabdallah, accusés du meurtre d'Erick Kabanga, survenu dans un appartement de la rue Sherbrooke Est le 26 janvier 2006.

Tshiamala est un ami des présumés meurtriers, selon la preuve de la Couronne. Il a refusé de témoigner à l'enquête préliminaire, ce qui a forcé la poursuite à le faire déclarer témoin hostile.

Erick Kabanga s'était rendu à l'appartement de la rue Sherbrooke avec des amis, cagoulé, un chien pitbull en laisse, pour une histoire de dette et de vol d'une télévision qui ne le concernait pas directement, selon la preuve de la poursuite. À l'intérieur, une dispute a éclaté entre son groupe et d'autres gens déjà sur place. Les protagonistes ont exhibé des armes à feu et des couteaux, et Tshiamala aurait appelé les accusés en renfort, peut-on lire dans un document judiciaire. Un individu a alors surgi à la porte de l'appartement et trois coups de feu ont été tirés, dont l'un a atteint mortellement Kabanga.

Ce procès, qui a commencé le 1er février, a avorté. La juge Sophie Bourque a reproché à la Couronne des «problèmes de divulgation de preuve», elle a dissous le jury et a ordonné un nouveau procès, qui aura lieu au mois de septembre. D'ici là, les accusés - détenus depuis trois ans - ont demandé à être remis en liberté. La magistrate entendra leur requête la semaine prochaine.

Ce ne sera pas la première fois que Tshiamala se retrouvera devant la juge Bourque: lui-même accusé d'un meurtre commis au bar Aria en 2005, il avait été libéré avec ses quatre coaccusés après que la même juge eut ordonné l'arrêt du processus judiciaire. La Couronne a porté en appel cette décision de la juge Bourque.