Colombe Vermette magasinait pour un saint - ou plutôt une copie impeccable d'un futur saint homme. Et si en ce dimanche 14 mars, le repos était de mise pour de nombreux chrétiens, Mme Vermette tenait le personnel de la boutique de l'Oratoire Saint-Joseph sur le qui-vive, dans l'espoir d'obtenir entière satisfaction.

Lorsqu'elle a finalement su qu'elle avait trouvé une réplique exacte du buste du Frère André, ce pourquoi elle avait investi tant d'énergie, Mme Vermette y est allée de la remarque suivante: «Cette statue veut nous accompagner à la maison».

Pendant que l'on s'affairait à emballer la statue pour sa randonnée d'autobus vers sa nouvelle demeure, une église située sur la rive-sud de Montréal, Mme Vermette a détaillé ses critères de recherche.

«Certaines statues ne lui ressemblent pas - le nez est trop long, le visage est trop mince», a-t-elle expliqué, tout en agitant ses mains vers le colis.

«Cette statue lui ressemble. Elle a quelque chose de vraiment spécial. Lorsque nous lui (le Frère André) adresserons nos prières, nous aurons l'impression qu'il est là, parmi nous.»

Le 19 février, exactement un mois avant la Saint-Joseph, le pape Benoit XVI a attribué un deuxième miracle au Frère André, étape essentielle à la canonisation. La cérémonie se tiendra à la Place Saint-Pierre, au Vatican, le 17 octobre.

Et il semble que la sainteté génère de biens belles retombées financières pour l'Oratoire Saint-Joseph, le fameux sanctuaire fondé par le Frère André, alias Alfred Bessette.

Mme Vermette n'était qu'une personne parmi une foule de visiteurs ayant envahi la boutique de souvenirs de l'Oratoire, ces derniers jours, où le Frère André est devenu une véritable attraction.

«Les gens viennent ici pour se procurer des médaillons et des statues, note le père Claude Grou, recteur de l'Oratoire. On constate un intérêt renouvelé.»

Le père Grou croit que ces objets procurent aux paroissiens la sensation de communier avec le réputé guérisseur spirituel, tout en prolongeant au-delà de l'édifice l'oeuvre pastorale.

«Les gens qui visitent l'Oratoire veulent ramener avec eux un objet qui leur laissera un souvenir impérissable, et leur permettra de partager sa présence avec les autres.»

L'automne dernier, la boutique a instauré une nouvelle gamme d'objets et de reliques du Frère André et de Saint-Joseph, à des prix qui rejoignent tous les portefeuilles.

Ainsi, le visage du Frère André ressort de cartes de prières à dix cents, et de cartes postales à 25 cents. Il apparaît sur des porte-clés et de calendriers, et clignote sur des statuettes lumineuses et des images tridimensionnelles. On le voit aussi sur des signets aimantés et des bouteilles d'eau bénite.

Une minuscule réplique en métal du Frère André se vend pour la modique somme de 89 cents; pour une réplique grandeur nature en fibre de verre, il faudra prévoir une dépense d'environ... 9000$.

Né le 9 août 1845 à Saint-Grégoire d'Iberville, Alfred Bessette a rendu l'âme le 6 janvier 1937 à l'âge de 91 ans. Il a été béatifié le 23 mai 1982 par le pape Jean-Paul II, après l'attribution d'un premier miracle.

Le second miracle aurait eu lieu dans les années 1990, bien que l'église n'a pas dévoilé plus de détails sur le sujet.

Plusieurs croyants, dont Mme Vermette, affirment que des membres de leur famille ont profité des dons de guérisseur du Frère André.

«Il a guéri une de mes tantes, complètement, après avoir souffert de la tuberculose pendant huit ans», a raconté Mme Vermette.

«Certaines personnes croient en Saint-Antoine, d'autres à la Sainte Vierge ou à Sainte-Anne, a ajouté Mme Vermette. Le Frère André est un Québécois. Et nous savons à quoi il ressemble; il existe des photos de lui. Il est plus qu'une icône.»